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Sahara occidental : 38 ans sans statut

Katrin Matthaei, Ramata Soré27 février 2013

Depuis le départ des troupes espagnoles, ce territoire est occupé en grande partie par le Maroc. Le référendum souhaité par les Nations unies n'a toujours pas eu lieu. L'ONU redoute une radicalisation des revendications.

Des hommes du Font Polisario dans les "Territoires libérés", en juin 2012
Des hommes du Font Polisario dans les "Territoires libérés", en juin 2012Image : Karlos Zurutuza

Ancien protectorat espagnol, ce territoire est finalement abandonné par la puissance coloniale sous la pression de la communauté internationale au milieu des années 1970. Un accord, signé avec Madrid, partage le Sahara occidental entre le Maroc (les deux tiers nord) et la Mauritanie (au sud, mais le pays se retire au bout de quelques années).

Le 27 février 1976, le Front Polisario déclare l'indépendance de la "République arabe sahraouie démocratique" et s'engage dans un conflit armé contre le Maroc.

Depuis 1991, les Casques bleus de l'ONU supervisent une trêve laborieusement négociée entre le Maroc et le Front Polisario. À l'époque, les rebelles avaient accepté de mettre fin à la violence à la seule condition que les quelque 75.000 habitants du Sahara occidental se prononcent sur l'indépendance de leur territoire durant un référendum.

Les forces de sécurité marocaines démantèlent un camp dans les environs de Laayoun, au Sahara occidental, en novembre 2010Image : picture alliance/dpa

Mais depuis, plus rien. Le Maroc a refusé le référendum et considère la région comme l'une de ses provinces. Rabat bénéficie du soutien indirect de la France et la crise au Mali ne risque pas de changer la donne, estime Ulrich Delius, responsable Afrique de l'organisation allemande "Société pour les peuples menacés" :

« On a besoin du Maroc en ce moment. C'est cela, le gros problème. La France a été très claire : elle a particulièrement remercié le Maroc pour l'avoir autorisée à survoler son territoire durant l'intervention actuelle au Mali. Cela illustre très bien l'importance du Maroc dans la lutte contre l'islamisme dans le nord-ouest de l'Afrique. Et on ne va sûrement pas mettre maintenant le Maroc devant son engagement à organiser un référendum au Sahara occidental. »

Des soldats français de la mission des Nations unies MINURSO au Sahara occidental en 2004Image : AFP/Getty Images

Crainte d'une dérive extrémiste

Pendant longtemps, le Front Polisario a été accusé d'entretenir des liens avec les islamistes algériens, maintenant actifs dans le nord du Mali. L'Algérie a accueilli de nombreux réfugiés sahraouis. Environ 150.000 vivent dans des camps de fortune, où la tentation est grande de se radicaliser.

« Cela est dur à prouver, observe Ulrich Delius. Mais il y a une population très jeune dans ces camps de réfugiés de Tindouf dans le sud de l'Algérie, qui a peu d'espoir en l'avenir, et ça c'est un grand problème. Car il suffirait que trois ou quatre sur les plus de 100.000 personnes qui vivent dans ces camps rejoignent un mouvement terroriste pour donner l'impression que tous les Sahraouis sont des islamistes radicaux. »

En violation du droit international, le Maroc considère comme siennes les potentialités économiques du Sahara occidental. Et cela ne dérange nullement certains de ses partenaires économiques, comme la compagnie allemande Siemens. Axel Goldau, président de l'association "Liberté pour le Sahara occidental", le confirme :

Christopher Ross, l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidentalImage : AP

« Siemens a annoncé au début de l'année dernière qu'il avait réussi à pénétrer le marché de l'éolien en Afrique, et que son premier grand partenaire était le Maroc. Ce n'est qu'une demi-vérité, car c'est un projet éolien sur la côte atlantique à El Aaiun, dans le Sahara occidental occupé. Cela signifie que Siemens fait sienne la vision marocaine intégrant le Sahara occidental dans le Maroc. Cette situation complique également le processus de paix et poignarde l'ONU dans le dos. »

L'ONU a, à maintes reprises, dénoncé les brutalités des forces marocaines contre les Sahraouis. L'envoyé spécial de l'ONU, Christopher Ross, a lui aussi récemment mis en garde contre le danger d'une radicalisation au Sahara occidental car la frustration des Sahraouis est grande.

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Vos réactions :

La publication de cet article a suscité les critiques de quatre internautes. Est notamment contestée dans ces réactions l’annexion du Sahara occidental par le Maroc, alors que le Front Polisario, écrit un internaute, « est financé par l’Algérie, qui est tout sauf une démocratie » : «Votre article semble servir des intérêts obscurs » Une ignorance de l’histoire est par ailleurs reprochée à l’auteur de l’article. L’ambassadeur du Maroc à Berlin, nous a fait également parvenir une réaction dans laquelle il rappelle un certain nombre de faits historiques qui selon lui plaident en faveur de la cause marocaine. Il souligne que « le Maroc a participé loyalement à la mise en œuvre du plan de règlement proposé en 1991 par les Nations unies pour résoudre le différend sur le Sahara ». Quant à la situation dans les Provinces du sud, selon la terminologie officielle marocaine, l’ambassadeur tient à préciser que “le développement réalisé grâce à de lourds sacrifices profite nettement à l’ensemble des populations vivant dans ces Provinces.”

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