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Sahara occidental : le cessez-le-feu vole en éclats

Georges Ibrahim Tounkara
14 novembre 2020

Selon le Front Polisario, mouvement indépendantiste sahraoui, les combats ont repris après une opération lancée par l'armée marocaine dans une zone-tampon.

Des combattantes sahraouis lors d'une parade militaire en mai 2016
Des combattantes sahraouis lors d'une parade militaire en mai 2016Image : picture-alliance/dpa/M. Messara

Le Front Polisario, mouvement indépendantiste sahraoui, a affirmé ce samedi que les combats se poursuivaient au Sahara occidental, au lendemain de l'opération lancée par l'armée marocaine dans une zone-tampon de ce territoire disputé, près de la frontière avec la Mauritanie.

"Les combats continuent après le forfait accompli par les troupes marocaines à Guerguerat", a déclaré Mohamed Salem Ould Salek, le chef de la diplomatie de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), sans autre précision.

Pour Mohamed Salem Ould Salek ," le cessez-le-feu, signé en 1991, appartient au passé".

Vendredi, le Maroc avait annoncé avoir lancé une opération militaire dans la zone-tampon de Guerguerat, à l'extrême sud de ce territoire au statut indéfini, afin de rouvrir la route conduisant vers la Mauritanie voisine après trois semaines de blocage routier.   

"L'ONU et l'Union africaine doivent imposer au Maroc le respect scrupuleux de ses propres frontières et celles de ses voisins", a ajouté M. Ould Salek.

Joint par la DW, Aoubi Bouchraya Bachir, membre du bureau politique du Front Polisario et représentant de cette organisation auprès de l’Union européenne, dénonce cette violation du cessez-le-feu. Vous pouvez écouter son interview en cliquant sur l'image ci-dessous.

"C'est une agression directe contre le peuple sahraoui", Aoubi Bouchraya Bachir (Représentant en Europe du Front Polisario)

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Selon un communiqué du ministère de la Défense de la RASD publié vendredi soir, les forces sahraouies ont mené, vendredi après-midi, des "attaques massives" le long du mur de défense marocain dans les zones de Mahbès, Haouza, Aousserd et Farsia.

De son côté, l'état-major général marocain a indiqué dans son dernier communiqué vendredi soir, que "le passage de Guerguerat entre le Maroc et la Mauritanie est à présent complètement sécurisé via la mise en place d'un cordon de sécurité par les Forces Armées Royales", sans aucune mention de la situation sur d'autres points du mur de sable érigé sur 2.700 km pour séparer les deux camps.

L’Union africaine et l’Onu inquiètes

Dans un communiqué publié ce samedi, le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, "exprime sa profonde préoccupation suite à la détérioration de la situation au Sahara occidental, notamment dans la zone de Guerguerat, et des menaces graves de rupture du cessez-le-feu en vigueur depuis 1991".

Moussa Faki a aussi salué "les efforts du secrétaire général des Nations Unies et des pays de la région pour encourager vivement les parties à s'abstenir de tout changement du statu quo et à revenir dans les meilleurs délais à la table de négociations".

Le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, a exhorté vendredi soir les différentes parties à "éviter une escalade" à Guerguerat et mis en garde "contre des violations du cessez-le-feu et de sérieuses conséquences à tout changement au statu quo" en vigueur dans la zone.

Des soldats de la force de l'Onu au Sahara occidentalImage : Getty Images/AFP/A. Senna

Le Sahara occidental

Vaste étendue désertique de 266.000 km2 bordant la côte Atlantique au nord de la Mauritanie, le Sahara occidental est le seul territoire du continent africain dont le statut postcolonial n'a pas été réglé.

Depuis le départ de la puissance coloniale espagnole en 1975, le Maroc a pris le contrôle des deux tiers du Sahara occidental qu'il considère comme partie intégrante du royaume. Soutenu par l'Algérie, le Polisario en contrôle l'autre tiers.

Rabat propose une autonomie du Sahara occidental sous sa souveraineté tandis que le Polisario exige un référendum d'autodétermination, prévu par l'accord de cessez-le-feu de 1991 et jamais mis en œuvre.

Le Maroc a réintégré en 2017 l'UA, qu'il avait quittée en 1984, pour protester contre l'admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), proclamée par le Polisario au Sahara occidental.

(Avec Afp)

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle