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Togo et Ghana, les nouveaux refuges des djihadistes au Sahel

6 avril 2022

Le Togo et le Ghana deviennent à leur tour des pays ciblés par les groupes djihadistes qui parviennent à y recruter de jeunes combattants.

L'étude montre que les autorités ont peiné à accepter la réalité sur le terrain
Image : Ludovic Marin/AFP/Getty Images

C'est ce qui ressort d’une étude intitulée "La menace djihadiste dans le nord du Ghana et du Togo" conduite par la fondation allemande Konrad Adenauer et publiée ce mercredi (06.04).

Le document insiste sur le fait qu’au-delà du Sahel, ce sont aussi les pays côtiers qui sont touchés par l’insécurité. 

Voisins du Burkina Faso, où les attaques djihadistes se multiplient depuis plusieurs années, le Togo et le Ghana étaient jusque-là épargnés. Mais ce n’est plus le cas.

Le nord de ces deux pays est devenu un refuge facile pour les groupes armés. Mal contrôlé par l’Etat, il a longtemps servi de transit pour les trafiquants de drogue. C’est aussi une zone de conflits communautaires. 

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Recrutements 

Ces derniers temps, selon Florent Geel de Promediation, une ONG française qui a participé à cette étude, les activités des groupes djihadistes touchent désormais le nord du Ghana.

"Il y a probablement des implantations de groupes armés djihadistes dans le nord du Ghana. On sait également qu'un nombre non négligeable de Ghanéens sont partis faire le djihad. Ils sont formés et sont aujourd'hui au sein de différents mouvements et groupes qui composent les mouvements des djihadistes présents au Sahel. C'est une évaluation que nous avons réalisée sur la base notamment de témoignages du porte-parole de l'Etat Islamique."

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Selon cette étude, plus de 200 jeunes Ghanéens se répartissent dans des groupes comme Ansar al-Islam présent au Burkina Faso et au Mali, ou encore le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM).

Mais le Togo est aussi l'un des pays où les djihadistes recrutent et en réponse, l’Etat a renforcé sa présence militaire sur la frontière nord du pays.

Déni des autorités

Ce pays a aussi mis en place des projets de développement comportant des services de base dont manquait la population, afin de dissuader les jeunes de rejoindre les groupes terroristes.

Mais la tendance à nier ou à sous-estimer le danger djihadiste dans ces pays a nui à la réponse des pouvoirs publics, selon Bakary Sambe, directeur régional du Timbuktu Institute, un think tank qui travaille sur le radicalisme religieux en Afrique :

"Il y avait une tendance dans la région ces derniers temps, au sein des institutions de recherche, à nier complètement l'aspect djihadiste de cette violence et de vouloir expliquer tout ce qui se passe dans le Sahel avec une forme d'analyse criminologique en parlant de groupes criminels, de trafiquants, en disant qu'il n'y a plus de djihadisme, ni d'idéologie."

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Les groupes djihadistes opérant dans le nord du Ghana et du Togo se financent en grande partie grâce à l’exploitation des mines d’or de la région, mal contrôlées par l’armée ou la police, révèle enfin l'étude de la Fondation Konrad Adenauer.