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Au Sénégal, la crise politique a un impact sur le tourisme

20 février 2024

Le tourisme au Sénégal est la seconde source de revenus du pays après la pêche. Reportage à Saly, un des hauts lieux du tourisme, au sud de la capitale Dakar.

Une plage à Saly
Saly est réputée pour ses plagesImage : Kean Loius Pradels/maxppp/picture alliance

"Ici c'est très dur le mois de février-là. Il n'y a pas beaucoup de monde."

Adjo Fatou Sene, 39 ans, est vendeuse de souvenirs sur la plage. Les plages de Saly, en cette période de l'année, sont généralement pleines de touristes européens venus chercher le soleil. Cette année, ils sont moins nombreux. Une mauvaise chose pour Adjo.

"Les gens ont peur de venir ici. L'année dernière, parfois on gagnait (par jour) 15.000 ou bien 20.000 francs CFA (entre 23 et 30 euros, ndlr.)  Cette année, on gagne 5.000 ou 2.500 francs CFA (entre quatre et huit euros, ndlr.)". 

La haute saison du tourisme court de novembre à fin avril et est essentielle pour les habitants de la côte, comme Daouda Diop, 42 ans, restaurateur sur la plage.

"Si je compare ça à la même période (l'année dernière), je vois que ma clientèle a diminué du point de vue des excursions, parce que j'organise aussi des voyages un peu partout dans le Sénégal. Et le resto aussi, je reçois du monde que les week-ends, alors que d'habitude, c'était bondé de monde ", se rappelle Daouda Diop.

Une réservation sur cinq annulée

En 2022, le tourisme représentait près de 7% du PIB du Sénégal et environ 8% des emplois, selon le Conseil mondial du voyage et du tourisme. 

Selon Pape Berenger Ngom, président de l'Association des professionnels de l'hôtellerie et de la restauration du Sénégal, plus de 20% des réservations ont été annulées dans l'ensemble du pays depuis le déclenchement de la crise politique.

"25 à 30% d'annulations, c'est énorme dans un secteur d'activité comme le tourisme. Parce que quand même il faut savoir qu'il y a beaucoup de zones au Sénégal où les gens ne vivent que du tourisme. On parle de Saly, Mbodiène, Toubab Dialao, toutes ces zones-là ne vivent que du tourisme", estime Pape Beranger Ngom.

Les rues de Saly sont généralement plus bondées en cette période de l'annéeImage : Eddy PetersXinhua/picture alliance

"Je ne viens pas pour une semaine, je suis toujours restée trois mois.

Assise sur un transat sur la plage, Marie-France, 73 ans, et son époux Roger, 80 ans, retraités corses, passent chaque année, depuis 24 ans, leurs vacances au Sénégal.

Même si la crise l’inquiète, Marie-France estime que la situation à Dakar, à 90 kilomètres de Saly, n'affecte pas la paix et la sécurité des hôtels de cette station balnéaire.

"Des gens nous ont dit : 'ne bougez pas, ne vous déplacez pas'. J'ai des amis qui devaient venir, mais ils ont annulé parce qu'ils ont peur, mais bon il ne s’est jamais trop rien passé ici... A Dakar, peut-être, mais pas sur Saly."

Même si, pour l’instant, la crise épargne les grands hôtels de Saly, les professionnels du secteur craignent que la tension actuelle ne ternisse la réputation du Sénégal, considéré jusqu’alors comme un pays stable dans une Afrique de l'Ouest en proie aux coups d'Etat et à la violence djihadiste.