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Sayragul Sauytbay dénonce l'horreur des camps chinois

La rédaction francophone | Avec agences | Avec ARD
22 mars 2021

Alors que l'Europe prend des sanctions contre la Chine pour violations des droits humains, une rescapée des camps d'internement pour les musulmans ouïghours et kazakhs du Xinjiang témoigne.

Un million de Ouïghours et de membres d'autres minorités ethniques seraient détenus dans des camps depuis 2016
Un million de Ouïghours et de membres d'autres minorités ethniques seraient détenus dans des camps depuis 2016Image : AFP/G. Baker

L'Union européenne a pris des sanctions contre des dirigeants de la région chinoise du Xinjiang, ce lundi 22 mars, pour la persécution des musulmans Ouïghours. Des sanctions rares -une première depuis 1989- pour violations des droits humains, prises en concertation avec le Royaume-Uni, les Etats-Unis et le Canada. Les sanctions européennes consistent en une interdiction de se rendre dans l'UE et un gel des avoirs détenus dans l'Union européenne.

Pékin réplique

Pékin a répliqué en sanctionnant dix personnalités européennes, dont plusieurs élus du Parlement européen, accusés "de porter gravement atteinte à la souveraineté et aux intérêts de la Chine et de propager des mensonges et de la désinformation". Les Européens et leurs familles seront interdits de séjour en Chine, à Hong Kong et Macao.

Réécouter → Plus d'un million de musulmans internés en Chine - Magazine Droits et libertés du 15 avril 2019.  

A l'origine de cette affaire : les accusations de travail forcé, voire même de stérilisation forcée dans des camps pour les Ouïghours dans la région chinoise du Xinjiang. La Chine rejette toutes ces accusations, décrivant ces lieux comme des "centres de formation professionnelle".

La Chine rejette régulièrement les accusations de violations des droits humainsImage : Ng Han Guan/AP Photo/picture alliance

Forcée à "enseigner"

Sayragul Sauytbay est elle passée dans ces camps. Elle a déjà raconté son histoire de nombreuses fois. Mais quand elle en parle, l'émotion est toujours forte, les larmes lui montent aux yeux rapidement. Il y a un peu plus de trois ans, en pleine nuit, elle raconte avoir été enlevée dans sa ville natale du district d'Aksu, dans l'ouest du Xinjiang. Un sac sur la tête, elle est emmenée dans un camp.

"Il y avait environ 2.500 détenus, des femmes, des hommes, des enfants", énumère-t-elle. "Le plus jeune avait 13 ans, le plus vieux 84 ans. Comme je parle ouïgour, kazakh et chinois, j'ai été obligé d'y enseigner." Des enseignements, comme les appelle le gouvernement chinois, que cette femme dénonce.

Propagande politique

"Les détenus devaient écrire encore et encore « J'aime le Parti communiste », « Je suis heureux » et « J'aime l'Etat et le chef du parti Xi Jinping ». Ils devaient brandir ces papiers, scander les slogans à voix haute et les répéter pendant des heures", assure-t-elle. Sayragul Sauytbay parle de "conditions inhumaines", de "tortures" et de "violences". Elle porte même des accusations d'agressions sexuelles et de viols. "Ils prenaient les filles et les jeunes femmes la nuit et les ramenaient le matin. On pouvait alors voir dans quel état elles étaient".

Un million de détenus

Sayragul Sauytbay a finalement été libérée, avant de fuir en Suède. Il est impossible de vérifier ses dires. Le pouvoir chinois, lui, rejette catégoriquement les accusations, comme il l'a d'ailleurs fait encore ce lundi.

Lire aussi → Les camps de rééducation des Ouïghours dénoncés en Afrique

La Chine parle de "centres de formation professionnelle" destinés à éloigner la population de l'extrémisme religieux et du séparatisme, après de nombreux attentats meurtriers commis contre des civils par des OuïghoursImage : Reuters/T. Peter

Mais les recherches menées notamment par des groupes de défense des droits de l'homme et des chercheurs indépendants montrent qu'environ un million de Ouïghours et de membres d'autres minorités ethniques sont détenus dans ces camps depuis 2016.

Malgré les menaces et les accusations de mensonges, Sayragul Sauytbay promet, elle, de continuer à parler et à raconter. Il faut maintenir la pression contre le régime chinois pour que tout cela cesse, dit-elle.

Le témoignage de Sayragul Sauytbay a initianellement été recueilli par Ruth Kirchner, de la radio-télévision publique allemande ARD.

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