Second tour de la présidentielle bissau-guinéenne
24 juillet 2009Les deux hommes se sont déjà affrontés. C'était en 2000 et c'est Kumba Yala qui menait alors la danse jusqu'à ce qu'il soit renversé trois ans plus tard par un putsch. Il faut dire que le dirigeant du PRS, le Parti de la rénovation sociale, a toujours été au cœur de nombreuses controverses. Aujourd'hui encore, pour cette élection, cinq mois après l'assassinat du président Joao Bernardo Vieira par des militaires, Kumba Yala défraie la chronique: il a notamment accusé son adversaire d'être soutenu financièrement par Al Qaïda et il souhaite délocaliser la capitale dans le sud du pays:
«Ca devrait être Buba, qui a une position stratégique. Une ligne de chemin de fer en provenance du Mali et qui passe par la Guinée Conakry devrait venir jusque ici. Le Sud est une région où la production économique est très forte et où la sécurité de la population est garantie. Bissau resterait la ville du commerce avec une plus large surface habitable.»
Kumba Yala est également connu pour ses poèmes, et pour s'être récemment converti à l'islam. Il mise sur la carte ethnique sachant qu'il trouve son soutien parmi les balantes, dont la plupart sont des soldats. En face, Malam Bacaï Sanha, le candidat du Parti Africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap Vert, qui a obtenu 39,59% des voix au premier tour (contre 29,42% à son adversaire) et qui est considéré comme favori. Il a choisi le dialogue comme thème de campagne:
«Si nous voulons préserver la paix, nous ne pouvons résoudre les problèmes par la violence. Nous devons impliquer davantage les forces de l'ordre. Les problèmes de l'armée sont des problèmes nationaux. Parmi les militaires, nous avons affaire à des gradés, qui peuvent argumenter, qui savent ce que signifient la sécurité et la souveraineté du pays. Nous allons donc discuter avec eux.»
Dans tous les cas, le gagnant devra tenter de stabiliser le pays, à condition qu'on lui en laisse le temps: en quinze ans, aucun des trois présidents élus n'a pu terminer son mandat de cinq ans.