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Au Sénégal, la société civile dit "non" à un scrutin en juin

Robert Adé
28 février 2024

Le dialogue initié par le président Macky Sall suggère d’organiser la présidentielle en juin. Les regards sont tournés vers le Conseil constitutionnel.

Des acteurs de la société civile et de la classe politique défilent pour demander aux autorités de respecter la date des élections (17.02.2024)
Depuis plusieurs jours, la société civile manifeste contre la non-tenue à la date prévue du 25 février de l’élection présidentielle Image : John Wessels/AFP

Les travaux du dialogue ont débouché sur le constat que la présidentielle au Sénégal ne pouvait avoir lieu avant la fin du mandat, le 2 avril, du président Macky Sall. 

Mais l’hypothèse de la tenue de l’élection après le 2 avril était déjà rejetée par le Front des 16 candidats à la présidentielle, le collectif des acteurs de la société civile Aar Sunu Election (Protégeons notre élection) et l’association des commerçants et industriels du Sénégal avant même l’organisation du dialogue initié par le président Macky Sall. Ces acteurs ont d’ailleurs boycotté le dialogue qui a duré deux jours.

Aggravation de la crise politique

Djibril Gningue, directeur exécutif de la Plateforme des Acteurs de la Société Civile pour la Transparence des Elections, Pacte Sénégal, rappelle que le Conseil constitutionnel avait déjà pris une décision indiquant au président Macky Sall qu’il ne pouvait ni prolonger son mandat ni organiser la présidentielle au-delà de la fin de son mandat.

Ecoutez le sujet de Robert Adé, le correspondant à Dakar

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"En fixant l’élection au-delà de son mandat, il contrevient à la décision du Conseil Constitutionnel. Il contrevient également aux dispositions de la Constitution du Sénégal. Cela risque de mettre le Sénégal dans une situation de crise politique aggravée."

La deuxième proposition concernant le projet de loi d’amnistie générale attriste les parents des détenus, constate Lucie Sané, la coordonnatrice du collectif des familles des détenus politiques. Elle regrette que les tortures et tueries enregistrées entre 2021 et 2024 resteront impunies alors que les victimes attendent que justice leur soit rendue.

"Ces détenus politiques ont été arbitrairement arrêtés, suite à leurs calculs politiques pour neutraliser un opposant politique. Qu'ils acceptent avoir fait du tort à ces gens-là, particulièrement à ces jeunes. On a perdu des enfants. Il y a des gens qui ont été mutilés."

Macky Sall a ouvert la voie à une prolongation lundi (26.02.2024) en déclarant être prêt "à rester encore même si ce n'est pas mon choix (...) parce que je suis pressé d'en finir et de partir"Image : DW/AFP

Lucie Sané ajoute que "s’il doit y avoir une loi, il fallait d’abord élucider ces cas de meurtres. Dans tous les cas, nous en tant que familles de détenus, nous pensons que ce projet de loi d’amnistie ne nous concerne pas".

Une présidentielle avec des candidats recalés ?

Les participants au dialogue sont pour le maintien de la liste actuelle des 19 candidats à la présidentielle mais ils proposent parallèlement la réouverture des dossiers des candidats recalés.

Toutes ces propositions seront présentées, ce mercredi, en conseil des ministres avant d’être soumises au Conseil Constitutionnel. Le Conseil avait cependant déjà indiqué jeudi (15.02.2024) que Macky Sall devait céder le pouvoir à son successeur le 2 avril.

Si elles sont endossés par le chef de l'Etat, les propositions du dialogue s'annoncent comme des motifs de grande irritation pour le front qui s'est constitué depuis que Macky Sall a décrété le 3 février un report de dernière minute de la présidentielle. Des manifestations, réprimées, ont fait quatre morts et donné lieu à des dizaines d'interpellations.

Robert Adé Correspondant au Sénégal pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais
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