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AES - Cédéao : un défi pour Bassirou Diomaye Faye?

4 avril 2024

Le président Bassirou Diomaye Faye qui se présente comme un panafricaniste de gauche et le garant d'une "démocratie renforcée" dit aussi vouloir travailler à faire revenir au sein de la Cédéao les pays de l'AES.

Bassirou Diomaye Faye saluant le président du Nigeria Bola Tinubu
Bassirou Diomaye Faye et son homologue du Nigeria Bola TinubuImage : Jerome Favre/EPA

C’est sous le signe de la sobriété que le Sénégal a célébré ce jeudi 4 avril le 64e anniversaire de son accession à l’indépendance, deux jours après la prestation de serment du 5e président de la République Bassirou Diomaye Faye
Ce dernier a donné la veille les futures orientations de son mandat lors de son premier discours à la nation.
Il a notamment été question de création d'emplois, de "renforcement" de la démocratie, de lutte contre la corruption et d’audit des compagnies minières... 
Le nouveau président Bassirou Diomaye Faye, et son Premier ministre Ousmane Sonko, se mettent donc progressivement à la tâche après avoir préparé pendant des années leur camp à la prise du pouvoir.

Lors de son premier discours officiel, Bassirou Diomaye Faye, qui se dit panafricaniste "de gauche", s'est présenté comme l'homme du "changement systémique", mais aussi le garant d'une "démocratie renforcée".

Il dit aussi vouloir faire revenir au sein de la Cédéao les trois pays de l'Alliance des Etats du Sahel - Mali, Niger et Burkina Faso - dont les autorités militaires, arrivées au pouvoir par des putschs, mettent en avant le panafricanisme et la souveraineté.

Le rôle de la diplomatie

Un Sénégal "juste et prospère" dans une "Afrique en progrès", c'est l'engagement pris par Bassirou Diomaye Faye qui a promis de rétablir une "souveraineté" bradée selon lui à l'étranger. Il a par exemple exprimé son souhait de remettre sur la table, les contrats pétroliers et gaziers ainsi que les accords de pêche.

Autres souhaits du nouveau président, quitter le franc CFA, rééquilibrer les partenariats internationaux dans un sens "gagnant-gagnant" et travailler au retour du Burkina Faso, du Mali et du Niger dans la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Un objectif qui n'est pas impossible à atteindre selon le politologue et homme politique sénégalais Doudou Sidibé.

Selon lui "le président Bassirou Diomaye Faye, avec la diplomatie sénégalaise et aussi avec toutes les bonnes relations qu'il sera capable de construire pourra très facilement les ramener dans la communauté (...). La gestion de la Cédéao dépend non seulement des hommes mais aussi de la personnalité."

"Ces pays devraient rester dans cette communauté"

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Doudou Sidibé rappelle par ailleurs que "l'union fait la force" et qu' au lieu de créer plusieurs organisations "ces pays devraient plutôt s'entendre et rester dans cette communauté en toute solidarité" et "peut-être que ce serait plus facile si ces pays-là allaient vers une transition démocratique..."

L'annonce du retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Cédéao suscite en effet toujours des inquiétudes notamment en ce qui concerne par exemple la circulation des biens et des personnes.

Le panafricanisme en partage

Même si comme les dirigeants des pays de l'AES, Bassirou Diomaye Faye défend des principes panafricanistes, le lanceur d'alerte et panafricaniste Jean-Jacques Lumumba, est plutôt sceptique quant à sa marge de manœuvre pour faire revenir ces pays sur leur décision.

"Le Sénégal est un pays, oui panafricain, démocratique"

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" Le Sénégal est un pays, oui panafricain, démocratique... mais les pays de l'AES sont des pays qu'on ne peut pas considérer aujourd'hui comme démocratique parce que ce sont des militaires qui ont pris le pouvoir. Et dans ces pays, la démocratie est un peu en berne (...) la marge de manœuvre est un peu difficile en ce moment mais en politique tout est possible..." explique-t-il à la DW.

Jean-Jacques Lumumba estime par ailleurs que le panafricanisme que prône le Sénégal de Bassirou Diomaye Faye n'est pas forcément celui des dirigeants des pays de l'AES. Il rappelle qu'un pouvoir militaire a des vues tout autre.Selon lui, "l'expression de la population n'est pas tout à fait prise en compte".

 Même si les militaires mettent en avant la lutte contre le terrorisme dit-il, il est important de laisser la démocratie s'exprimer dans ces pays.

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