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Un bras de fer source de tension au Sénégal

Carole Assignon | Avec agences
30 mai 2023

Outre les divisions politiques, le sort judiciaire de l'opposant Ousmane Sonko continue de faire monter la tension au Sénégal.

Ousmane Sonko lors d'un point de presse (photo de 2021)
Ousmane Sonko leader du parti PastefImage : Fatma Esma Arslan/AA/picture alliance

Alors que doit s'ouvrir le dialogue national visant à parvenir à un consensus sur les questions liées à "la vie nationale", le climat est de plus en plus tendu au Sénégal. A l'origine de ces tensions, le sort judiciaire du président du parti Pastef, Ousmane Sonko.

Appel à un "sursaut national"

Il se dit "séquestré" par les forces de sécurité et appelle ses compatriotes à "se lever comme un seul homme". L'opposant sénégalais Ousmane Sonko s'est exprimé dans la nuit sur les réseaux sociaux pour parler de sa situation après son interpellation dimanche.

L'opposant, qui avait entamé ce qu'il appelle une marche de retour vers Dakar depuis Zinguinchor, a été ramené de force dans la capitale. Depuis, les forces de sécurité bloquent les accès à son domicile. Une situation qu'il déplore.

"Au nom de quoi, dans un pays qui se dit démocratique, peut-on séquestrer un citoyen qui n'a de tort que d'être un opposant ferme et farouche au régime de Macky Sall ? Il est temps que tous les Sénégalais prennent leurs responsabilités pour sortir et faire face à Macky Sall. Et j'en appelle à cela, à un sursaut national, à un mouvement de résistance nationale conformément à notre Constitution pour faire face à Macky Sall", a déclaré Ousmane Sonko.

Ousmane Sonko devrait être fixé sur son sort judiciaire jeudi dans l'affaire de viol présuméImage : Fatma Esma Arslan/SEYLLOU/picture alliance/AFP

Affrontements à Dakar

Bien avant cet appel, plusieurs quartiers de Dakar ont de nouveau été le théâtre de heurts. Lundi, des groupes de jeunes et les forces de sécurité se sont affronté à coups de pierres et de gaz lacrymogènes dans plusieurs quartiers et autour de l'un des principaux axes traversant la métropole.

Des jeunes ont attaqué les maisons de collaborateurs du président, ont incendié des véhicules et des bus.

A l'approche du verdict dans le procès pour viols présumés dans lequel l'opposant est mis en cause, la tension continue donc de monter.

Le bras de fer continu

Du côté du pouvoir, on promet une position ferme contre toute tentative de trouble à l'ordre public.

Lorsque Ousmane Sonko avait annoncé son départ pour Dakar à la tête de ce qu'il a appelé une "caravane de la liberté", le porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, avait averti que l'Etat ferait tout pour que l'ordre public soit maintenu et estimé que l'opposant était peut-être en train de chercher à échapper à la justice.

Le pouvoir sénégalais promet une position ferme contre toute tentative de trouble à l'ordre publicImage : FRANCIS KOKOROKO/REUTERS

Selon lui : "Peut-être qu'Ousmane Sonko ne veut pas, à la suite de ce procès, se faire appliquer ce que le code pénal prévoit, il préfère peut être nous mettre dans un piège, essayer de se faire arrêter pour des questions politiques, des questions de trouble à l'ordre public (…) et pour éviter l'infamie". 

Quoi qu'il en soit, le bras de fer entre Ousmane Sonko et le pouvoir semble loin d'être achevé.

L'opposant, qui est candidat à la présidentielle de 2024, reste populaire parmi les jeunes, mais il est menacé d'inéligibilité par ses affaires judiciaires.

Le verdict du procès pour viol présumé est attendu jeudi. Ousmane Sonko clame son innocence et dénonce un complot du pouvoir pour l'écarter de l'élection présidentielle.

 Le procureur a requis contre le président du parti Pastef, Ousmane Sonko, dix ans de réclusion criminelle pour viols, ou au minimum cinq ans de prison pour "corruption de la jeunesse". Rappelons que le viol qui est criminalisé depuis 2020 au Sénégal est passible de dix à 20 ans de prison.