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Soldats ivoiriens : une délégation de la Cédéao à Bamako

Mahamadou Kane | Fréjus Quenum
29 septembre 2022

Deux chefs d’Etat de la Cédéao ont été dépêchés jeudi pour tenter de résoudre la question des 46 militaires ivoiriens détenus au Mali. Enjeux d'une visite.

Une patrouille militaire à Bamako en août 2020
Avant son intervention, Bamako avait rejeté la médiation de la Cédéao Image : Getty Images/AFP/A. Risemberg

Les présidents Adama Barrow de Gambie et Nana Akufo Addo du Ghana sont arrivés au Mali jeudi (29.09.22). Ils étaient accompagnés par Robert Dussey, ministre togolais des Affaires étrangères, représentant le président Faure Gnassimbé, médiateur désigné dans l'affaire des militaires ivoiriens. Ceux-ci échangent avec le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goïta au palais présidentiel de Koulouba.  

Une affaire sous-régionale 

Selon Aly Tounkara, du Centre d’études stratégiques pour la sécurité dans le Sahel, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, en mettant en avant la carte de la médiation, fait de l’affaire des 46 militaires ivoiriens détenus au Mali une affaire sous-régionale.  

Une situation qui pourrait, selon lui, profiter aux militaires au pouvoir au Mali.   

"La venue de ces chefs d’Etat de la Cédéao pourrait être saisie par l’élite militaire au pouvoir au Mali comme une sorte d’aubaine pour réitérer les positions et les modalités de collaboration que le Mali entend désormais avoir avec les pays voisins et même les organisations nationales et sous régionales, en l’occurrence la Cédéao", explique à la DW Aly Tounkara. "Mais en même temps, poursuit le chercheur, c’est une occasion pour l’élite militaire au pouvoir de se légitimer davantage vis-à-vis de ces chefs d’Etat. 

"C’est une occasion pour l’élite militaire au pouvoir de se légitimer davantage vis-à-vis de ces chefs d’Etat" (Aly Tounkara)

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De l’avis du journaliste Alexis Kalembry de Mali Tribunes, la solution politique pourrait désormais prendre le pas sur l’action judiciaire enclenchée par les autorités de transition malienne. 

"Il est évident que ça ne se fera peut-être pas au détriment de la justice mais la justice a un rôle secondaire dans ce dossier. Le dossier est d’abord politique et s’il y a une solution politique, dans tous les cas la raison d’Etat transcende tout autre justification. Donc je pense que pour toutes ces raisons, on peut faire économie de l’aspect juridique", indique le journaliste à la DW.

Une délégation chez le chérif de Nioro

A la veille de cette visite des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao à Bamako, hier mercredi (28.09.22) le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara a envoyé une délégation conduite par son ministre conseiller spécial, Aly Coulibaly, chez le cherif de Nioro du Sahel, un influent chef religieux au Mali.

Des sources proches des familles des militaires ont indiqué à la Deutsche Welle cette semaine que le gouvernement demande à celles-ci de faire confiance au président Alassane Ouattara. 

"C'est important au plan interne d'abord de montrer sa solidarité avec les familles parce que si ces familles-là basculent dans la contestation, basculent dans la frustration, ça peut avoir un gros impact sur l'opinion publique", indique à la DW le politologue ivoirien Arthur Banga. Il explique les enjeux de la résolution de cette affaire qui pourrait, selon lui, avoir des conséquences sur le terrain politique.

La Cédéao veut dénouer la crise diplomatique entre Bamako et Yamoussoukro Image : Nipah Dennis/AFP

Selon le politologue, il est en effet "important que cette affaire soit gérée pour Alassane Ouattara. Sinon, la contestation, les oppositions, certaines oppositions peuvent se saisir de la question pour en faire maintenant une question de politique interne et de débat"

La mission est censée repartir jeudi après-midi. La junte malienne a prévenu avant de recevoir la mission qu'elle ne se laisserait pas imposer une solution. "Nous allons les écouter. Nous avons dit depuis le début que tout ce que le Mali veut, c'est chercher les voies et moyens pour trouver un terrain d'attente entre le Mali et la Côte d'Ivoire. Mais si c'est pour imposer des décisions au Mali, cela ne passera pas", a déclaré en début de semaine le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop.