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"Une guerre entre l’Ethiopie et la Somalie paraît absurde"

24 janvier 2024

Le chercheur Roland Marchal revient sur les tensions entre la Somalie et l’Ethiopie et analyse l’entrée en scène de l’Egypte dans cette crise.

Des travailleurs déchargent des marchandises d'un navire à quai dans le port maritime de Berbera, au Somaliland (10.02.2022)
Au cœur des tensions actuelles entre l’Ethiopie et la Somalie, un accord maritime entre l’Ethiopie et la région séparatiste du Somaliland Image : Brian Inganga/AP/picture alliance

Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a averti dimanche (21.01.2024) que "l'Egypte ne permettra à personne de menacer la Somalie", après un accord maritime controversé entre l'Ethiopie et la région séparatiste du Somaliland. 

Mogadiscio qualifie cet accord d'"illégal" et peut donc désormais compter sur le soutien de l’Egypte, dont les relations sont tendues avec l’Ethiopie au sujet du projet de grand barrage controversé sur le Nil Bleu, qui, selon l'Egypte, menace sa sécurité hydrique. Le chercheur Roland Marchal, spécialiste de la Corne de l’Afrique, exclut cependant toute confrontation armée dans cette région.

 

Roland Marchal : Ça peut encore se dégrader, mais l'idée qu'il y ait une une véritable guerre me paraît complètement absurde. Bon, ce qui peut se passer, c'est qu à un certain moment, le gouvernement somalien à Mogadiscio demande le départ des troupes éthiopiennes de là où elles sont basées, essentiellement dans les provinces au sud de Mogadiscio, sur la zone frontalière. Bon, ça ouvrirait une nouvelle crise parce qu'il est fort probable que les dirigeants des Etats fédérés, au contraire, insistent pour le maintien de cette présence. Mais je je n'imagine pas de véritables combats entre les deux pays.

Ecoutez l’interview de Roland Marchal

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DW : Il y a cette sortie de l'Egypte. Le président égyptien qui dit qu'il ne permettra à personne de menacer la Somalie après donc cet accord entre l'Ethiopie et le Somaliland. Alors que peut l'Egypte et pourquoi l'implication de l'Egypte dans cette crise ?

Ecoutez, l'Egypte lit ce problème à sa relation avec l'Ethiopie. L'Egypte continue à faire des déclarations va-t-en guerre, mais il ne se passe rien.

 

DW : Et l'igad, l'organisation sous-régionale, qu'est-ce qu'elle peut pour atténuer cette crise- là, cette tension dans la Corne de l'Afrique ?

Le problème de l'Igad, c'est qu'elle a été prise à partie par la Somalie parce que le secrétaire général de l'Igad est quand même un ancien ministre des Affaires étrangères éthiopien qui, évidemment, a su se montrer très éthiopien, même si, en fait, son message est tout à fait diplomatique. Du point de vue des Etats, il n'y a aucun Etat qui aujourd'hui soutient la démarche éthiopienne, pas simplement les Occidentaux, mais tout le monde, les Chinois l'ont rappelé avec beaucoup de force. Et les Chinois sont quand même un partenaire économique extrêmement important de l'Ethiopie.

 

DW : Que vaut le Somaliland aujourd'hui dans cette Corne de l'Afrique, dans cette région ?

Une bonne partie des Etats, notamment occidentaux, mais pas seulement, sont prêts à reconnaître une singularité au Somaliland et des acquis qui ont été quand même remarquables. Mais ils veulent que leur propre décision soit basée sur d'abord le résultat de véritables discussions entre le Somaliland et la Somalie.

 

DW : Quelle est la viabilité du Somaliland ?

Le Somalilland a une diaspora active, il a un port, l'aide internationale reste toujours vitale au Somaliland, comme elle l'est au sud de la Somalie.

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