Sommet de l'OTAN à Bruxelles
19 avril 2007Les 26 Alliés ont tous déclaré leur soutien au projet américain de bouclier anti-missiles en Pologne et en République Tchèque. Ils ont aussi réaffirmé que ce dispositif devait permettre de se défendre contre d’éventuelles attaques de pays tels que l’Iran ou la Corée du Nord. La Russie n’est en aucun cas visée, a insisté le porte-parole de l'Otan, James Appathurai. Cette extension du bouclier américain "ne peut pas représenter une menace pour la sécurité de la Russie, ni rompre l'équilibre" militaire en Europe, a assuré M. Appathurai. Toutefois, a-t-il ajouté, les Alliés ont appuyé le principe de "discussions approfondies entre les Etats-Unis et la Russie pour dissiper tout possible malentendu…Il doit y avoir, et il continuera d'y avoir une complète transparence" à ce sujet, "non seulement au sein de l'Alliance mais aussi avec la Fédération de Russie".
Les pays de l'Otan constatent "que la menace existe" et que la défense antimissile "doit obéir au principe de l'indivisibilité de la sécurité" de l'ensemble des Alliés, a-t-il ajouté. Lors de la réunion à 26, les Etats-Unis ont informé leurs alliés qu'ils avaient proposé à la Russie « d'approfondir leur coopération sur la détection précoce des départs de missiles dans le monde, et d'améliorer l'interopérabilité des systèmes antimissiles de leurs troupes. »
C’est le 22 janvier dernier que Washington avait créé la surprise en annoncant négocier avec Varsovie et Prague pour installer sur les territoires respectifs de ces anciens pays du bloc soviétique 10 missiles intercepteurs d'engins intercontinentaux et un radar. Des mesures visant à renforcer la protection du bouclier antimissile national américain en cours de déploiement. Depuis, Moscou se montre très contrarié par ce projet. Lors de la 43e Conférence sur la Sécurité à Munich, le 10 février, le président russe Vladimir Poutine avait déjà très sévèrement critiqué les actions "unilatérales" des Etats-Unis, les qualifiant de " menace" pour la sécurité de la Russie.
Et avant même que ne débute dans la capitale belge lundi soir le Conseil Otan-Russie, le premier Vice-premier ministre Sergueï Ivanov, déclarait à Ekaterinbourg dans l’Oural :"Je ne vois à vrai dire pas de fondement à des discussions sur la possibilité d'une coopération dans la défense antimissile…Nous estimons pour le moins que ce système antimissile a un caractère chimérique".
Quant au représentant de la Russie auprès de l'Otan, Konstantin Totskiï, il a lui aussi refroidi les espoirs des 26 de trouver un compromis avant même le début de la rencontre OTAN / Russie. En fait cette réunion du Conseil de l'Atlantique nord sous l’égide du Secrétaire général de l'Otan Jaap de Hoop Scheffer ce jeudi à Bruxelles n’était que le tout début d’un véritable échange d’opinions, d’abord entre les membres de l’Alliance Atlantique eux – mêmes, et ensuite avec la Russie sur le sujet. Comme l’a formulé un diplomate de l’OTAN en marge de la rencontre, il est encore trop tôt pour prendre des décisions, mais ces premiers échanges de vue devraient aider pourtant à rétablir la confiance entre tous les partenaires concernés, particulièrement avec la Russie et à estomper les inquiétudes de plusieurs pays européens, dont l’Allemagne … Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a demandé que la question soit en tous les cas évoquée lors de la prochaine réunion des chefs de la diplomatie de l'Otan et de la Russie qui se tiendra la semaine prochaine à Oslo. Affaire à suivre, donc…