Sommet de l'UE : 750 milliards d'euros sur la table
17 juillet 2020Une bouteille de vin blanc de Bourgogne : c'est le cadeau qu'Angela Merkel, qui fête ce vendredi ses 66 ans, a reçu du président français Emmanuel Macron à l'ouverture du sommet.
Reste à savoir si les deux dirigeants auront de quoi trinquer à la fin de ces retrouvailles des 27, alors que l'économie du continent est minée par une crise sanitaire mondiale sans précédent.
Il s'agit de la première réunion en personne entre les chefs d'Etat et de gouvernement depuis le début de la crise sanitaire. Ce sommet physique est le premier de la pésidence allemande du Conseil européen.
La dernière fois que les 27 s'étaient retrouvés remonte à février, avant que le nouveau coronavirus ne s'empare du Vieux Continent. A cette époque déjà, il s'agissait de négocier le budget de l'UE jusqu'en 2007. Le sommet avait échoué, notamment à cause de l'opposition des Pays-Bas.
Les "frugaux"
Cinq mois plus tard, le Premier ministre néerlandais Marc Rutte Est à nouveau l'homme à convaincre. Il se retrouve en effet en chef de file des Etats dits "frugaux" qui voient d'un mauvais œil les subventions prévues par le plan de relance de 750 milliards d'euros proposé par la Commission européenne. Ce plan prévoit 250 milliards d'euros de prêts à rembourser et 500 milliards de subventions.
Les Pays-Bas, l'Autriche, le Danemark, la Suède et la Finlande veulent une réduction de la part des subventions qui vont avant tout bénéficier aux Etats du Sud.
Les "frugaux" exigent aussi que tout argent versé soit accompagné de réformes de fond de la part des bénéficiaires.
Crainte d'une tutelle
Ce point ne manque pas d'inquiéter des pays comme l'Italie et l'Espagne, qui craignent une mainmise de l'UE sur la gestion de leur pays, à l'image de ce qu'a vécu la Grèce endettée devenue dépendante de la tutelle des créanciers internationaux dans la foulée de la crise financière de 2008.
Dans cette crise, l'Allemagne avait été pointée du doigt pour son intransigeance et son manque de solidarité. Cette fois, Berlin préside le Conseil de l'Europe et semble jouer la carte inverse puisque la chancelière brise un tabou en acceptant l'idée d'une dette commune européenne.
Le plan de 750 milliards proposé par la Commission s'inspire en effet de la proposition franco-allemande, portée par Angela Merkel et Emmanuel Macron. Si le président français a parlé d'un "moment de vérité et d'ambition pour l'Europe" avant l'ouverture du sommet", la chancelière a dit s'attendre à de "très difficiles négociations".