L'Allemagne accueille un sommet ministériel sur la migration
18 juillet 2025
C'est un sommet au sommet. Littéralement. Puisqu'une série de ministres européens de l'Intérieur se retrouvaient aujourd'hui sur la Zugspitze, à près de 3 000 mètres d'altitude, au sommet de la plus haute montagne en Allemagne, dans les Alpes bavaroises.
Mais ce n'est pas du tourisme que sont venus faire les ministres. A l'invitation du gouvernement allemand, ils sont venus parler de politique migratoire européenne. Une politique que Berlin veut continuer à durcir.
Alexander Dobrindt, le ministre allemand de l'Intérieur, du parti conservateur CDU, a ainsi invité ses homologues français, polonais, autrichien, danois et tchèque.
Selon la déclaration finale, les six pays se sont mis d'accord sur un durcissement de la politique d'immigration et d'asile. L'accent est mis sur des expulsions systématiques, y compris vers la Syrie et l'Afghanistan, sur une meilleure protection des frontières extérieures de l'UE et sur une augmentation de l'accueil des demandeurs d'asile déboutés par des pays non membres de l'UE.
L'immigration, thème politique majeur en Allemagne
La rencontre a été un "signal visible d'unité et de détermination" dans le projet commun de "réduire l'immigration illégale", a dit le ministre allemand.
En Allemagne, le durcissement de la politique migratoire était déjà en cours sous le précédent gouvernement mené par les sociaux-démocrates, lorsque l'ancien chancelier, Olaf Scholf, expliquait qu'il fallait "expulser massivement" les personnes qui n'ont pas le droit de rester dans le pays.
Le thème de l'immigration, associée à la lutte contre l'insécurité, a ensuite dominé la dernière campagne électorale. Ainsi, le nouveau cabinet, mené par le conservateur Friedrich Merz, en coalition avec les sociaux-démocrates, s'emploie à accélérer les renvois.
Des dizaines d'Afghans expulsés
Ce vendredi, 81 Afghans condamnés par la justice ont été expulsés vers l'Afghanistan. Les Nations unies ont réagi et demandé "l'arrêt immédiat du renvoi forcé de tous les réfugiés et demandeurs d'asile afghans, en particulier ceux qui risquent d'être persécutés", alors que l'Afghanistan est dirigé par le régime fondamentaliste taliban.
En Allemagne, il s'agit de la seconde opération de ce type depuis l'été dernier, la première depuis l'entrée en fonction de la nouvelle coalition.
Berlin veut augmenter le rythme des expulsions, mais aussi empêcher les entrées sur le territoire allemand à certains demandeurs d'asile.
Des contrôles ont lieu à l'ensemble des frontières terrestres allemandes, au grand dam de l'espace de libre circulation Schengen.
Aussi, plus de 300 demandeurs d'asile ont été refoulés depuis que le ministre Alexander Dobrindt a donné son feu vert à la police fédérale pour mener de telles opérations. Des refoulements déjà contestés par la justice allemande, et que nombre d'experts et ONG estiment contraires au droit européen.
Vent nationaliste en Pologne
Ces contrôles irritent aussi les voisins de l'Allemagne. Notamment la Pologne, où le gouvernement est sous pression avec la récente victoire d'un candidat nationaliste à l'élection présidentielle.
Varsovie a ainsi répondu à Berlin en instaurant à son tour des contrôles aléatoires à sa frontière avec l'Allemagne, une frontière où, depuis quelques semaines, se déplacent des "patrouilles citoyennes" proches de la mouvance d'extrême-droite, qui veulent empêcher les refoulements de demandeurs d'asile.
En étant à l'initiative du sommet de la Zugspitze, le nouveau gouvernement à Berlin semble vouloir se positionner en leader sur la question migratoire. Le ministre Alexander Dobrindt a l'ambition d'élaborer un "agenda pour enclencher le turbo sur la migration en Europe".