Sommet de l’ONU sur l’océan : des avancées saluées
13 juin 2025
Dès l’ouverture du sommet des Nations unies sur l’océan, à Nice, le ton est monté. La décision unilatérale de l’ancien président américain Donald Trump de relancer l’exploitation des nodules polymétalliques dans le Pacifique a provoqué une levée de boucliers. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, ainsi que plusieurs chefs d’État ont vivement condamné cette initiative qui menace les écosystèmes marins.
Dans un contexte d’urgence climatique et écologique, de nombreux pays ont profité de cette conférence pour réaffirmer leur engagement en faveur de la protection des océans. Pour Hélène Bourges, chargée de campagne Océan à Greenpeace, cet engagement est encourageant.
" L’UNOC, même sans décisions négociées, était une occasion pour les États de montrer leur volonté d’agir. Dix-neuf pays ont rejoint le traité sur la haute mer. C’est du concret. Sur d’autres sujets comme le plastique ou l’exploitation minière, on reste encore sur des intentions. Greenpeace sera intransigeant sur leur mise en œuvre ", prévient-elle.
Une pression accrue pour un traité sur le plastique
L’un des points clés du sommet a été l’appel lancé par 95 pays pour l’adoption d’un traité ambitieux contre la pollution plastique.
À l’approche des négociations prévues en août, les chiffres parlent d’eux-mêmes : la production mondiale de plastique est passée de deux millions de tonnes en 1950 à plus de 400 millions en 2023. Aujourd’hui, les plastiques représentent plus de 80 % des déchets marins.
Une ratification historique et les fonds marins
Autre avancée majeure saluée par les observateurs : la ratification du traité sur la haute mer par une cinquantaine de pays. Cet accord vise à mieux protéger les zones maritimes situées au-delà des 200 milles nautiques (soit 370 km) des côtes, souvent exposées à des activités industrielles peu régulées.
Par ailleurs, plusieurs États – de la Colombie aux Samoa, en passant par le Portugal, la Grèce et la Polynésie – ont annoncé la création ou l’extension d’aires marines protégées. Une dynamique qui pourrait permettre au monde de franchir le cap des 10 % d’océans protégés, contre 8,34 % actuellement.
De manière inattendue, la question de l’exploitation minière en eaux profondes s’est imposée dans les discussions. Hélène Bourges constate que le sujet a été largement évoqué, malgré son absence initiale de l’agenda officiel.
" Quatre nouveaux pays ont rejoint l’initiative pour un moratoire. C’est un signal fort. Désormais, tous les regards se tournent vers Kingston, en Jamaïque, où l’Autorité internationale des fonds marins doit se prononcer ", a déclaré Hélène Bourges.
Prochaine étape : Kingston
Malgré ces signaux positifs, certaines décisions ont déçu les défenseurs de l’environnement. En particulier, la France est critiquée pour son engagement jugé insuffisant : le chalutage de fond n’y sera restreint que sur 4 % des eaux nationales, bien loin des ambitions affichées à l’international.
Le sommet de Nice aura permis de faire émerger des engagements concrets et de mettre en lumière les tensions persistantes autour de l’avenir des océans. Mais la bataille est loin d’être terminée. La prochaine étape cruciale se jouera à Kingston, où l’avenir de l’exploitation minière en eaux profondes pourrait se décider.