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Sorties de la Cédéao, le risque de contagion en Guinée

Abdoulaye Sadio Diallo
31 janvier 2024

En Guinée, le départ annoncé du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la Cédéao est suivi de près, dans un pays également dirigé par des militaires putschistes.

L'entrée d'une réunion de la Cédéao au Ghana
L'Union africaine a exprimé son "profond regret" après l'annonce du Mali, du Burkina et du NigerImage : Nipah Dennis/AFP

La Guinée adopte pour l’heure une attitude discrète : Conakry n’a pas manifesté son intention de quitter la Cédéao et ne fait pas partie de l’Alliance des Etats du Sahel, créée par les trois autres pouvoirs militaires du Mali, du Niger et du Burkina.   

L’annonce du départ du Mali, du Niger et du Burkina de la Cédéao a toutefois reçu un écho favorable en Guinée, où la Cédéao n’a plus une bonne image depuis le troisième mandat de l’ancien président Alpha Condé, interrompu par le coup d’Etat militaire de 2021.  

A Conakry, Diakité, un habitant rencontré en haute banlieue, donne son avis sur la question. Pour lui, "la Cédéao est toujours incapable de gérer les situations dans la sous-région. Chaque fois, ils ont recours à l'Occident pour prendre des décisions. Ces pays ont vu que ce qui se passe chez eux n’est pas normal et ont agi"

Ecoutez le reportage à Conakry...

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Une plongée dans l’inconnu  

Cette décision des pays du Sahel est compréhensible, maiselle ouvre un avenir incertain, nuance Hady Dramé, un autre habitant de Conakry. "Ces trois pays qui sont sortis (de la Cédéao), est-ce qu’ils peuvent vivre à trois sans des accords avec les autres pays ? Cela va être un peu difficile pour eux. Mais bon, pour leur honneur, c’est acceptable", estime-t-il. 

Aliou Barry, ancien officier de l’armée française, est aujourd’hui un spécialiste en géopolitique. Parmi les arguments avancés par les trois pays du Sahel, un seul lui paraît pertinent : "Je suis tout à fait d’accord lorsqu’ils ils disent que la Cédéao ne les a pas assistés dans la lutte contre le djihadisme. Mais quand ils évoquent des problèmes de souveraineté pour dire qu’ils sortent de la Cédéao, cela fait un peu sourire, parce qu’il n’y a aucun Etat aujourd'hui qui peut réclamer une souveraineté dans un monde globalisé". 

Mamadi Doumbouya prône une position "pro-guinéenne" et "panafricaine"Image : BRENDAN MCDERMID/REUTERS

La Guinée, suspendue de la Cédéao 

La Guinée traverse aussi une transition militaire, mais Aliou Barry ne pense pas que la Guinée puisse rejoindre l’Alliance des Etats du Sahel, ou bien encore quitter la Cédéao, dont elle est suspendue depuis le coup d’Etat de septembre 2021. 

Selon lui, "au début de la transition, évidemment, le colonel Doumbouya (président de la transition, ndlr) s’est rapproché du Mali et du Burkina, mais je pense qu'aujourd'hui, la France est présente en Guinée. C’est un des rares Etats qui accompagne aujourd’hui cette transition. Et je pense qu’aujourd’hui, dans la lutte d’influence entre la Russie et la France, qui se déroule en Afrique de l’Ouest, la junte guinéenne a basculé du côté de la France. Cela m’étonnerait que la junte guinéenne rejoigne les trois Etats du Sahel en se retirant de la Cédéao".

Jusque-là, Conakry s’est toutefois efforcée de maintenir une position de neutralité entre les influences russes et françaises, préférant, comme l’a déclaré Mamadi Doumbouya à la tribune des Nations unies, en septembre 2023, adopter une position "pro-guinéenne" et "panafricaine”. 

Abdoulaye Sadio Diallo Correspondant en Guinée pour le programme francophone de la Deutsche Welleasadio14