SOS pour la Centrafrique
14 février 2014La Süddeutsche Zeitung lance carrément un SOS - pour la Centrafrique donc, mais aussi, dans le même éditorial, pour la Syrie. A propos de la RCA le journal lance cette admonestation: ceux qui demain se souviendront du génocide rwandais il y a 20 ans, n'ont pas le droit aujourd'hui de détourner les yeux de la Centrafrique. La plupart des musulmans ont quitté le pays, leurs quartiers sont détruits. Même amnesty international, habituellement plus douce dans sa façon de s'exprimer, réclame une intervention robuste de casques bleus de l'ONU. L'expérience historique, poursuit le journal, et même l'interprétation moderne du droit international imposent une intervention de l'extérieur. L'obligation de protéger, érigée en principe après la guerre des Balkans, mais par la suite relativisée, autorise une intervention de l'ONU pour sauver des civils, séparer des belligérants, arbitrer un conflit. En Centrafrique il est facile d'identifier des objectifs pour une intervention promise au succès: séparer les parties en conflit, approvisionner les réfugiés, éventuellement désarmer les milices. La France a déjà pris sur elle la responsabilité de la mission. Elle a besoin maintenant d'une aide rapide - plus rapide que ne le permet le lourd appareil bureaucratique de l'Union européenne. Le même journal relève aussi dans un autre article que l'exode des musulmans aggrave un peu plus la crise alimentaire dans le pays, car la minorité musulmane contrôle le commerce du bétail et de denrées alimentaires comme le sucre et les céréales.
La Bundeswehr en Somalie: une nouveauté
Dans ce contexte la presse revient aussi sur les déclarations de la ministre allemande de la défense à propos d'un éventuel renforcement de l'engagement militaire allemand en Afrique. La Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui a rencontré Ursula Von der Leyen, rapporte qu'il est toujours hors de question, pour la ministre de la défense, que des forces combattantes allemandes participent à la mission européenne, prévue en Centrafrique. Mais elle défend dans le même temps les futures interventions de la Bundeswehr en Centrafrique et en Somalie. Au Rwanda et au Congo, souligne-t-elle, des millions de personnes sont mortes à cause de l'inaction de la communauté internationale.
Ursula von der Leyen, note la Süddeutsche Zeitung, a beaucoup parlé de l'Afrique ces derniers temps. Ce faisant elle a parfois oublié que l'Afrique n'est pas un pays, mais un continent avec des Etats et des modes de vie très différents. A propos de la Somalie le journal explique que l'Allemagne a participé, en Ouganda, à la formation de soldats somaliens dans le cadre d'une mission européenne. Mais à la fin de l'année dernière la formation a été transférée en Somalie, et à Berlin on a pris peur, les soldats allemands ont été rapatriés. A présent on fait savoir au ministère de la défense que l'appréciation de la situation sécuritaire en Somalie a changé. On ne sait pas très bien, poursuit le journal, ce qui a changé en quelques mois, mais la décision d'envoyer la Bundeswehr à Mogadiscio est la bonne. Encore qu'il s'agit d'un tout petit contignent, souligne le journal: 20 soldats seulement.
Des shebab toujours dangereux
Vingt soldats qui, s'ils sont envoyés en Somalie, trouveront à Mogadiscio un calme trompeur - c'est l'opinionde la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le journal explique que si les députés allemands donnent leur feu vert à l'envoi de ces 20 instructeurs militaires, ils seront cantonnés sur la base de l'AMISOM, la mission de l'Union africaine en Somalie. Une base située à côté de l'aéroport de Mogadiscio, et ultra-sécurisée. Des murs de béton la protègent des voitures piégées. Des véhicules blindés stationnent un peu partout. Qui veut se mouvoir ici doit se soumettre à des fouilles au corps par les soldats de l'Amisom. Le mot de passe pour entrer dans le complexe militaire change tous les jours. Maintenant, à l'extérieur de cette base, poursuit le journal, il est certain que depuis l'expulsion des terroristes islamistes de Mogadiscio en août 2011 par l'AMISOM, la situation sécuritaire à Mogadiscio et dans les environs s'est considérablement améliorée. Les combats quotidiens à l'arme lourde appartiennent au passé. Les habitants peuvent de nouveau se déplacer librement. Les shebab, pourtant, sont toujours aussi dangereux, souligne le journal. En témoignent non seulement les nombreux attentats à la bombe à l'intérieur et à l'extérieur de la Somalie, mais aussi le professionnalisme grandissant des shebab. L'attaque du centre commercial Westgate à Nairobi en est un exemple.
Des pachydermes en danger de mort
Enfin à l'occasion de la conférence qui vient de se tenir à Londres sur le commerce illégal d'animaux la presse revient sur les ravages occasionnés par le trafic de l'ivoire. Mortel ivoire, titre la Berliner Zeitung, qui note que ces deux dernières années, 60 000 éléphants au moins ont été tués sur le continent africain. Si le carnage se poursuit à un rythme inchangé, il n'y aura plus d'éléphants en Afrique dans 15 ans. C'est ce que prédit l'ancien éditeur du magazine britannique Ecologist, Zac Goldsmith, cité dans l'article. Le problème, poursuit le journal, est d'autant plus aigu, que dans des pays comme l'Afrique du sud par exemple, ce sont aujourd'hui des commandos de tueurs hautement professionnels qui patrouillent à bord d'hélicoptères équipés d'appareils de vision de nuit et de fusils avec silencieux. En Afrique de l'est ce sont des groupes entiers de rebelles qui se financent avec le trafic d'ivoire. Et on reparle ici de la Somalie puisque, note le journal, selon une ONG américaine, Elephant Action League, les milices shebab gagnent un demi million d'euros par mois avec l'ivoire obtenu illégalement au Kenya voisin. C'est, précise le journal, près de la moitié de l'argent dont a besoin la milice pour ses campagnes de terrorisme.