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Craintes d'une régionalisation de la guerre au Soudan

Martina Schwikowski
8 mai 2023

Alors que les combats se poursuivent, certains analystes craignent que le conflit ne s'étende également à plusieurs pays du Sahel.

Des soldats soudanais de l'unité des Forces de soutien rapide dirigée par le général Mohammed Hamdan Dagalo dans la province du Nil oriental en juin 2019
Des soldats soudanais de l'unité des Forces de soutien rapide dirigée par le général Mohammed Hamdan Dagalo dans la province du Nil oriental en juin 2019Image : Hussein Malla/AP/picture alliance

La poursuite des combats pourrait accélérer la circulation des armes dans la région, selon Henrik Maihack.

Le chef du département Afrique à la Fondation Friedrich Ebert craint que ces armes ne se retrouvent dans des pays confrontés à des groupes terroristes comme le Mali, le Niger et le  Burkina Faso. D’après le chercheur, il manque de stratégie globale pour prévenir et résorber ce type de conflit.

Selon lui, le problème, dans cette région, est souvent "qu'il n'y a pas de système de sécurité collective, c'est-à-dire commun, mais une sécurité dans les pays individuels, toujours organisés les uns contre les autres. Ainsi, des États voisins ou des groupes armés actifs de l'autre côté des frontières, interfèrent dans les conflits, ce qui rend la résolution des conflits beaucoup plus difficile."

Defi humanitaire

Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), se prépare à venir en aide à 800 000 réfugiés dans la région si les violences continuent.

Mais pour beaucoup de ces pays, les réfugiés qui entrent, représentent un défi parce que leur prise en charge dépasse les capacités financières des gouvernements.

Une réfugié soudanaise qui est entré au Tchad prépare un repas dans un abri de fortune dans un camp de Koufroun, près d'Echbara, le 1er mai 2023Image : GUEIPEUR DENIS SASSOU/AFP

La porte-parole du HCR, Eujin Byun, rappelle que l'Éthiopie, le Soudan du Sud, le Tchad et l'Égypte sont des pays qui accueillent déjà de nombreux réfugiés soudanais.

"Plus de soixante-dix pour cent des réfugiés qui traversent actuellement la frontière sont des femmes et des enfants", rappelle-t-elle à DW. "Ils marchent 24 heures sur 24 avec presque rien sur eux et arrivent à la frontière sans abri, sans vêtements, sans nourriture et sans eau."

Le Tchad, par exemple, a déjà accueilli 600 000 réfugiés, dont 400 000 soudanais avant cette crise.

Régionalisation du conflit

Par ailleurs, il faut rappeler que le Soudan partage de longues frontières avec des pays appartenant à au moins quatre régions différentes :  l'Afrique du Nord, le Sahel, la Corne de l'Afrique, l'Afrique de l'Est et le golfe Persique. 

Des réfugiés soudanais qui ont fui la violence dans leur pays font la queue pour recevoir des compléments alimentaires du PAM près de la frontière entre le Soudan et le Tchad Image : Mahamat Ramadane/REUTERS

"En ce qui concerne les aspects régionaux et le Sahel, je pense qu'il y a de fortes chances que ce conflit se régionalise dans. Le Soudan a sept pays voisins, sept zones frontalières. Tous ces pays voisins vont essayer d'influencer la suite des événements, notamment qui dirigera le Soudan à l'avenir", affirme Ahmed Soliman, chercheur sur la Corne de l'Afrique avec le programme Afrique à Chatham House.

Un exemple : le Tchad, voisin occidental du Soudan. Ce pays a connu sa propre guerre civile et des soulèvements, ainsi que de forts mouvements de population, notamment en provenance du Darfour.

D’ailleurs Ahmed Soliman rappelle que le chef des RSF, Hemedti, a des racines au Tchad, y compris des membres de sa famille au sein du pouvoir de transition.

Le chef d'État-major particulier du président  Mahamat Idriss Déby Itno, le général Bichara Issa Djadallah, est un cousin direct du général Mohamed Hamdane Daglo. Celui-ci s'efforce de renforcer sabase de pouvoir au Soudan, mais aussi de construire une sphère d'influence pluslarge au Sahel.

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