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Soudan, Tchad : optimisme ou pas ? La presse s'interroge

Hugo Flotat-Talon
23 août 2019

Après la déclaration d'état d'urgence au Tchad et en pleine transition politique au Soudan, la presse allemande hésite et ne sait pas vraiment quelle réaction adopter : elle oscille entre l'espoir et la prudence.

Tschad Idriss Deby
Le président Idriss Déby a décrété l'état d'urgence dimanche 18 aoûtImage : Getty Images/AFP/L. Marin

Chaque vendredi, à 17hTU, en direct à la radio, vous retrouvez une sélection d'articles sur le continent tirés de la presse germanophone. Une presse qui s'est cette semaine notamment intéressée à l'état d'urgence décrété au Tchad, dimanche 18 août. Le premier quotidien à s'être penché sur la question est la Tageszeitung qui relate l'actualité dramatique des derniers mois. "Les conflits entre les éleveurs de bétail et les agriculteurs sédentaires se sont répétés au cours des derniers mois et un nouveau fait-divers a couté la vie à au moins 50 personnes le 9 août", rappelle le journal. 

Mais le quotidien, on le sent entre les lignes, se montre sceptique et s'interroge sur l'efficacité à venir de l'état d'urgence. "L'armée tchadienne n'est pas réputée pour faire dans la dentelle", écrit le journaliste, qui reprend ensuite les déclarations des organisations de défense des droits de l'homme. "Elles craignent des assassinats arbitraires, la répression de la population civile et des abus de pouvoir". 

Idriss Deby en danger ?

Ce vendredi 23 août, la Süddeutsche Zeitung, qui consacre un article sur la situation sécuritaire de la région, se demande même si l'accumulation de mesures sécuritaires de l'état d'urgence et d'autres prises auparavant ne pourraient pas se retourner contre le président. "Au pouvoir depuis bientôt 30 ans, il a bloqué les réseaux sociaux. De telles actions pourraient conduire les Tchadiens à descendre dans la rue contre lui, inspirés par les Algériens ou les Soudanais".

Le quotidien de Munich raconte en plus que l'Allemagne et la France veulent profiter du G7 pour lancer un plan d'aide militaire et économique au Burkina, au Mali et au Niger. "Le Tchad n'est pas prévu dans ce plan, et si Deby a longtemps été un partenaire des Français, cela pourrait changer. Macron a promis de mettre fin à la Françafrique en 2017, c'est-à-dire fin à des décennies de soutien aux kleptocrates africains au service des intérêts français", conclut le journal, qui ne semble donc pas très optimisme pour le Tchad dans les mois à venir.

Quel avenir pour le Soudan ?

Cérémonie de signature de l'accord entre civils et militaires au Soudan le 17 aoûtImage : Getty Images/AFP/E. Hamid

Optimisme ou pas ? La question se pose aussi au Soudan après l'investiture du Conseil souverain et la nomination d'un nouveau Premier ministre. Et la presse allemande hésite. À commencer par la Süddeutsche qui choisit de faire l'historique de la révolution en cours dans le pays, expliquant que "les généraux ont lutté avec les représentants de la population civile pour une répartition équitable du pouvoir". Le journal décortique l'accord signé, "qui doit empêcher l'armée de reprendre le pouvoir (..), donner indépendance au pouvoir législatif et des droits aux femmes".

"Mais attention à ne pas être trop optimiste, trop vite", met en garde la caricaturiste soudanais exilé au Danemark Khalid Albaihs dans Die Welt. "Les médias de masse sont encore dans les mains de l'armée (...), et une partie des militaires pourrait encore avoir envie de conserver le pouvoir totalement", estime le journal. 

Manque d'expérience des civils

La Taz s'inquiète aussi du manque d'expérience politique de certains civils au Conseil mis en place cette semaine. "L'armée et les milices vont y perdre économiquement et il ne faut donc pas relâcher la pression, du côté de l'ONU, de l'Union africaine ou de l'Europe", implore le journal. "La route sera encore longue et sinueuse", met en garde un expert dans un autre papier de la Tageszeitung.

Des Africains en Allemagne

Image : picture alliance/Joker/G. Petersen

Enfin, un chiffre pour terminer : 600.000. C'est le nombre, comme le relatent la FAZ et d'autres journaux cette semaine, de personnes qui vivent en Allemagne et sont nées sur le continent africain. Sur ces 600.000 quelques 250.000 sont du Maghreb. Au total, 13,5 millions de personnes vivent en Allemagne sans y être nées. Globalement, près d'un Allemand sur quatre a des racines ailleurs dans le monde : cela signifie qu'un quart des personnes sont soit nées ailleurs, soit ont de la famille d'origine étrangère.

Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_