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Spoliation des orphelins du génocide rwandais

Solange Ayanone (Kigali)5 avril 2013

Le Rwanda commémore pour la 19ième fois le génocide de 1994. Certains orphelins du génocide n’arrivent pas à hériter des biens de leurs parents morts. Ceux-ci ont été vendus indûment par leurs tuteurs.

Au mémorial de KigaliImage : picture-alliance/dpa

La plupart des orphelins du génocide commencent à réclamer leur droit à l’héritage car lors du génocide, ils étaient encore petits. A leur grande surprise, certains de leurs biens, notamment les terres, sont parfois occupés par des personnes étrangères à leur famille.

Commission ad hoc

Récemment, le Premier Ministre Pierre Damien Habumuremyi a mis en place une commission ad hoc chargée d’inventorier ces problèmes dans tout le pays. Rien que dans le district de Kicukiro, de la ville de Kigali, 80 problèmes liés à la succession des orphelins du ont été enregistrés. Actuellement certains ont trouvé solution mais d’autres restent encore non résolus.

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Cet habitant de Nyarugunga, à Kicukiro, a élevé depuis 1994 six orphelins du génocide, le plus jeune a 19 ans actuellement, tous sont donc majeurs, ce qui leur permet d’hériter. Mais ils n’y arrivent pas encore :

« J’élève difficilement ces enfants depuis la mort de leurs parents car leurs biens ont été vendus par une personne de la famille lointaine. Leurs terres sont occupées par six familles. J’ai pu récupérer seulement un terrain en 2006. J’ai fait un recours au district et j’ai rencontré la commission mise en place par le Premier ministre. Et ceux qui occupent ces terres ont promis de nous rembourser mais on attend toujours. Regarde, la vie est dure à Kigali. Ce n’est pas facile de subvenir aux besoins de tous ces enfants sans leurs biens, je sollicite encore l’appui du district pour trancher une fois pour toute cette affaire. »

Des terres ont été spoliées ou revenduesImage : picture-alliance/united-archives/mcphoto

Une autre femme du même district, orpheline et responsable des 4 enfants orphelins de sa grande sœur, connaît bien le problème :

« Nous vivons très mal, certains ont abandonné l’école, d’autres se sont lancé dans la prostitution car ils n’ont de vision de leur avenir. Et lorsque nous arrivons en cette période de mémoire du génocide, ils sont plus traumatisés car ils se disent que si leurs parents étaient là ils ne seraient pas dans de mauvaises conditions de vie. Nous sollicitons l’appui des autorités pour pouvoir récupérer nos biens. »

L'Etat a sa part de responsabilité

Outre les biens vendus par les tuteurs ou les membres des familles des orphelins, certaines terres ont été distribuées par l’Etat aux paysans qui n’avaient pas où habiter. Ou l’Etat a pris leurs terres pour y faire des projets d’intérêt communautaire sans compensation. Certains de ces problèmes ont pourtant trouvé des solutions comme le souligne Florence Uwayisaba, vice Maire chargé des affaires sociales dans le district de Kicukiro.

« Nous avons pu aussi récupérer les biens pour 5 familles d’orphelins, c’est un processus. Mais là où il y a résistance, nous encourageons les orphelins à recourir aux tribunaux, et nous les assistons afin qu’ils puissent y aller. »

La commission chargée d’identifier tous ces problèmes qui a descendu dans tous les districts depuis le mois de janvier soumettra bientôt les recommandations au premier Ministère afin de permettre aux orphelins de récupérer rapidement leurs biens.