Sud-Kivu: plaintes après la répression du 31 décembre
4 janvier 2018Les représentants de la société civile de la province déplorent que le maire de la ville s'oppose aux manifestations de l'opposition, au mépris, affirment-ils, des dispositions de la Constitution du pays.
Ils ajoutent que les manifestants sont victimes de la répression violente conduite par les forces de police.
La dernière fois, le 31 décembre, la marche des Chrétiens a été dispersée à coup de gaz lacrymogène à quelques mètres de la cathédrale Notre Dame de la Paix de Bukavu.
"Nous sommes en train de déposer notre plainte auprès du procureur général de la Cour d'appel de Bukavu, étant donné que depuis le début de l'année 2016, on observe l'interdiction formelle de toute forme de manifestation par le maire de la ville de Bukavu, explique Jean Chrysostome Kijana, président national de la Nouvelle dynamique de la société civile. Non seulement, il y a eu une répression violente des manifestants ce 31 décembre, au-delà des gaz lacrymogènes qui ont été tirés. Nous devons également rappeler qu'au mois de juillet, il y a eu une répression sanglante. Une dizaine de manifestants a été blessée non pas par des armes non létales, mais par des armes à feu, alors qu'ils revendiquaient la tenue des élections. Nous avons pensé saisir les cours et les tribunaux afin que le citoyen soit remis dans le droit. Nous devons reprendre nos manifestations, c'est un droit légitime", poursuit-il.
Il ajoute qu'une deuxième plainte sera également déposée auprès de la Haute cour militaire contre le commissaire provincial de la police au Sud Kivu pour la répression conduite contre les manifestants.
Deux poids, deux mesures
Ces actions judiciaires sont également soutenues par les mouvements citoyens et le Rassemblement de l'opposition au Sud Kivu.
Josée Emina, représentante de l'UDPS à Bukavu, coordonne le Rassemblement de l'opposition. Pour elle, il s'agit là d'un signal fort pour le reste des provinces de la République démocratique du Congo.
"Est-ce que la situation sécuritaire était préoccupante le 31 décembre, interroge-t-elle. Il y a deux poids, deux mesures. Vous avez vu, le 4 janvier, le parti au pouvoir a marché, et ils étaient bien encadrés par les forces de l'ordre. Et nous opposants qui sommes réprimés, nous ne devons pas nous taire. J'en appelle donc à tous les compatriotes des autres provinces d'emboîter le pas, d'aller aussi vers les instances judiciaires."
Nous avons joint sans succès le maire de la ville de Bukavu. Mais certaines sources proches du dossier jugent cette démarche de la société civile curieuse car selon eux, les autorités accusées ont agi en tant qu'auxiliaire de l'Etat congolais, en plein exercice de leur fonction.