Sud-Kivu : des combats entre Kaziba et Kamanyola
3 décembre 2025
Des combats dans l'est de la République démocratique du Congo, avant une rencontre très attendue demain à Washington entre les dirigeants congolais et rwandais.
Au moins 19 civils ont perdu la vie et plusieurs blessés mardi dans les localités de Kaziba et Kamanyola lors des combats à l'arme lourde et légère entre les rebelles de l'AFC/M23 appuyés par le Rwanda et l'armée congolaise appuyée par les Wazalendoet l'armée burundaise.
Des sources locales affirment que c'est l'AFC/M23 qui a premièrement attaqué différentes positions de l'armée congolaise, les FARDC.
Arsenal et déploiement militlaire
D'après des témoins, les rebelles de l'AFC/M23 ont déployé depuis le week-end un important arsenal militaire et renforcé leurs troupes à Kaziba et sur l'axe Kamanyola-Katogota-Lubarika. L'objectif serait d'opérer une percée vers Uvira, ville stratégique et proche du Burundi voisin.
A Kaziba, des habitants affirment avoir aperçu des drones et que les FARDC ont utilisé des avions de combat Sukhoi pour bombarder les positions rebelles.
Réné est un habitant de Kaziba, il regrette que des familles aient été surprises par des bombes : "Le bilan provisoire est de 19 morts et plusieurs blessés parmi lesquels neuf morts dans le groupement de Muhumba, 10 morts à Kafindjo, deux autres morts dans le groupement de Bulumbwa. Plusieurs blessés dans les groupements de Ngando, de Nondi, de Kashozi, à Lulanzi et Burherere".
Des activités socio-économiques paralysées
Ecoles et marchés sont restés fermés. Caché sous son lit, cet habitant qui a requis l'anonymat s'impatiente : "Que Dieu soit loué car nous sommes encore en vie. Ils se sont battus toute la journée. Imaginez-vous, nous sommes restés à la maison, fatigués. Ils tirent, les autres répliquent".
Cependant, les belligérants se rejettent la responsabilité. Dans un communiqué, l'armée congolaise accuse l'armée rwandaise et les combattants de l'AFC/M23 d'avoir mené une série d'attaques contre ses positions à Kaziba, Katogota et Lubarika, et que ces attaques démontrent la détermination de cette coalition à saboter les accords de paix de Washington et de Doha, et à compromettre les efforts en cours pour restaurer la paix dans l'est du pays.
De son côté, l'AFC/M23 parle d'une situation catastrophique qui se détériore sur le terrain. Le mouvement accuse les forces burundaises de détruire des maisons et de tuer dans des zones densément peuplées à l'aide de leurs bombes.
A la veille de Washington
Ces combats interviennent alors que Kinshasa et Kigali s'apprêtent à signer un accord de paix ce jeudi à Washington. Come Bwami est chercheur sur les conflits dans l'est de la RDC. Il s'interroge sur la sincérité des accords déjà signés et ceux qui sont annoncés : "Il est incompréhensible qu'à la veille de l'accord de Washington, tous les fronts soient en ébullition … cela me pousse à croire que cet accord est teinté d'une certaine hypocrisie de la part des acteurs engagés dans le processus parce qu'aucune volonté n'est démontrée en termes de recherche de la paix. Selon moi, la seule voie qui peut résoudre la crise c'est de passer à un dialogue sincère et honnête à travers un mécanisme qui puisse rassembler tous les acteurs dans un climat de vérité, de réconciliation. Le contraire de ça, ils seront en train de tourner et la crise va embraser même la région."
Ce même mardi, d'autres combats ont été signalés dans les localités de Rugezi et Ngungu au sud de Minembwe dans le territoire de Fizi entre une faction des Wazalendo alliés à l'armée congolaise et les Twirwaneho alliés aux rebelles de l'AFC/M23, alors que dans le territoire de Mwenga la tension sécuritaire reste préoccupante sur l'axe Kalambi – Mwenga Centre.