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Allemagne : l'extrême droite en vogue à l'est et à l'ouest

Marcel Fürstenau | Reliou Koubakin
16 novembre 2024

Que ce soit la xénophobie ou l'antisémitisme, les différences régionales diminuent selon une étude. En revanche, les écarts se creusent sur le thème de la démocratie.

Une alliance de gauche composée manifeste contre la clôture de la campagne électorale du parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) à Leipzig (31.08.2024)
L'extrémisme de droite, un danger pour la démocratie - contre lequel des protestations se font de plus en plus entendre, comme ici fin août à LeipzigImage : Paul-Philipp Braun/epd/IMAGO IMAGES

En Allemagne de l'Ouest, l'approbation des paroles xénophobes a nettement augmenté et se rapproche des attitudes à l'Est. En revanche, la satisfaction vis-à-vis de la démocratie y est la plus faible depuis 2006. Tels sont les principaux résultats de l'étude 2024 sur l'autoritarisme présentée mercredi (13.11.2024) à Berlin. Dans le monde scientifique, on entend par autoritarisme une forme de pouvoir dictatorial au pluralisme limité et sans idéologie fixe. 

"Unis dans le ressentiment" - c'est sous ce titre que le centre de compétence pour la recherche sur l'extrémisme de droite et la démocratie de l'université de Leipzig a résumé les réponses des 2 500 personnes interrogées. L'étude a été réalisée en coopération avec la fondation Heinrich Böll, politiquement proche des Verts. La fondation Otto Brenner du syndicat de l'industrie Metall a également participé à l'étude. 

La xénophobie progresse fortement à l'Ouest 

Un regard en arrière montre quey, depuis le début de la série d'études en 2002, l'approbation des paroles xénophobes et chauvines a diminué à l'Ouest, alors qu'elle a fluctué à l'Est. Aujourd'hui, les différences particulièrement importantes s'estompent quelque peu. Ainsi, la proportion de personnes ayant une vision du monde manifestement xénophobe a nettement augmenté à l'Ouest depuis 2022, passant de 12,6 % à 19,3 %. A l'Est, cette valeur a légèrement baissé, passant de 33,1 à 31,5%. 

Selon les chercheurs, il n'est pas clair si le désir de solutions autoritaires ou d'extrême droite perdure plus longtempsImage : Swen Pförtner/dpa/picture alliance

"La xénophobie est ainsi devenue un ressentiment partagé à l'échelle nationale", explique le sociologue et psychologue Elmar Brähler. Il a mené l'étude en collaboration avec le chercheur en extrémisme de droite Oliver Decker et son équipe. Ils ont rendu visite personnellement aux personnes interrogées et leur ont remis un questionnaire sur leurs attitudes. 

L'AfD est le plus xénophobe 

Environ 31% des personnes interrogées à l'Ouest étaient d'accord avec l'affirmation selon laquelle l'Allemagne est "surpeuplée par de nombreux étrangers". En 2022, ce chiffre était de 22,7 %. A l'Est, l'approbation est passée de 38,4 à 44,3%. C'est chez les électeurs de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) que la vision du monde xénophobe est la plus prononcée, avec 61 %. C’est un parti classé à l'extrême droite dans plusieurs Etats-régions de l'Est par l'Office de protection de la Constitution. 

Selon Oliver Decker, il est frappant de constater que "l'étude enregistre cette année un net changement d'atmosphère, surtout à l'Ouest". Cela se reflète également dans les attitudes antisémites, qui y sont passées de 3 à 4,6 %, alors qu'elles ont chuté à 1,8 % à l'Est. 

L'Est de plus en plus étranger à la démocratie 

Le député Karamba Diaby ne sera pas candidat aux législatives anticipées. Il a dénoncé des discours xénophobes au parlement Image : Markus Schreiber/picture alliance/AP

La satisfaction vis-à-vis de l'état de la démocratie diminue dans toute l'Allemagne, bien que 90,4 % la considèrent théoriquement comme une bonne idée. Mais seuls 42,3 % sont satisfaits de la manière dont cette forme de gouvernement est vécue dans la pratique. C'est surtout à l'Est que l'on observe un recul rapide de l'acceptation. Alors qu'en 2022, 53,5 % des personnes étaient encore satisfaites de leur expérience de la démocratie, elles ne sont plus que 29,7 % deux ans plus tard. A l'Ouest, cette valeur est passée de 57,7 à 46 %. Parallèlement, les attitudes nationalistes augmentent. 

Pour la première fois, les personnes interrogées ont pu exprimer leurs idées sur la démocratie sous forme de texte. Les plus fréquents sont la lassitude à l'égard des partis et des hommes et femmes politiques ainsi que le manque de possibilités de participation. L'étude montre clairement que de nombreuses personnes considèrent l'avenir comme incertain.