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Premier procès d'exactions attribuées au régime syrien

22 avril 2020

Le procès de deux anciens membres des services secrets syriens s'ouvre jeudi à Coblence, en Allemagne.

Syrie
Missile lancé par l'armée syrienne près d'Alep en février 2020Image : picture-alliance/dpa/A. Alkharboutli

C'est le tout premier procès au monde qui va juger des exactions attribuées au régime de Bachar al-Assad. La justice allemande enquête sur les crimes du régime depuis 2011.

Depuis juin 2002, celle-ci peut en effet poursuivre les auteurs de crimes contre l'humanité, quelle que soit leur nationalité et l'endroit où les crimes ont été commis.

Il y a trois ans, en mars 2017, une plainte est déposée en Allemagne par des Syriens victimes de tortures et réfugiés en Allemagne. Deux ans après, en février 2019, Anwar Raslan et Eyad al-Garib sont arrêtés.

Qui sont les prévenus

Le premier, principal accusé, a dirigé l'unité 251 du service des renseignements syriens, chargée de la sécurité de la capitale Damas.

Le juriste Wolfgang Kaleck a créé l'ONG berlinoise des droits humains, il explique que le principal accusé "dirigeait une "unité d'enquête", c'est-à-dire une unité où la torture était pratiquée à grande échelle, alors bien sûr un certain degré de responsabilité peut lui être attribué."

Fin 2012, Anwar Raslan se tourne pourtant contre le régime et entre dans la résistance. En été 2014, il arrive en Allemagne avec sa famille. Il y obtient un titre de séjour, loin d'imaginer une quelconque poursuite judiciaire.

L'unité qu'il a dirigée et dans laquelle a aussi travaillé le second accusé est rattachée à une prison. Selon l'accusation, au moins 4.000 prisonniers y ont été torturés entre avril 2011 et septembre 2012.

58 d'entre eux auraient été tués suite à des mauvais traitements. Sur le colonel Raslan et son subalterne al-Garib pèsent les accusations de viol, agression sexuelle grave, coups et tortures électriques.

Les civils syriens (ici en Turquie) sont les premières victimes de la guerreImage : Getty Images/C. McGrath

Connaître la vérité

Wolfgang Kaleck revient sur les propos d'une personne qui a été torturée. Ce dernier, que son ONG représente à ce procès, vit en Allemagne depuis 2015. Pour cet homme, ce procès est un espoir car il lui redonne un statut de "sujet actif": "J'obtiens un statut juridique. Je peux évoquer officiellement que j'ai été poursuivi et torturé. Et je peux faire valoir mes droits."

Un avocat syrien a déclaré à l'AFP que ce procès est un "message important" aux dirigeants syriens et à leurs exécutants.

"Il ne s'agit pas de vengeance mais de connaître la vérité", a expliqué l'avocat allemand Patrick Kroker.

Depuis 2011, la guerre en Syrie a fait des centaines de milliers de morts et plusieurs millions de déplacés.  

 

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