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"Cultivons des aliments, pas du tabac"

Tania Krämer
31 mai 2023

C'est le thème de la journée mondiale sans tabac 2023. Il met aussi l’accent sur la situation en Afrique, où les terres cultivables consacrées à la culture du tabac ont augmenté de 20% ces 15 dernières années.

Afrika Farmarbeiterinnen auf einer Tabakplantage Tabakernte
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) souhaite aider un nombre croissant de cultivateurs de tabac à changer de culture afin de renforcer la sécurité alimentaire des populations les plus pauvres notamment d'Afrique et d'Amérique latine.Image : picture-alliance/Chad Ehlers

350 millions de personnes dans le monde souffrent d'insécurité alimentaire aigüe. Au même moment, trois millions d'hectares de terre servent à cultiver du tabac, lui-même responsable de huit millions de décès par an... Un non-sens sanitaire que l'OMS a choisi de pointer du doigt cette année.

L'omniprésence croissante des industries du tabac

Alors que l'industrie du tabac perd du terrain dans le monde, elle continue d'en gagner en Afrique. Sur les 20 dernières années, l'Afrique a gagné dix millions de consommateurs de tabac.

Des stratégies agressives d'implantation des multinationales sont soutenues par certains gouvernements.

"Nous prions les Etats membres de mettre un terme à l'utilisation de terres fertiles pour cultiver du tabac, et de cultiver des denrées alimentaires plutôt que des cultures mortelles. En tant qu'OMS, nous exhortons également les Etats membres à mettre fin aux subventions qu'ils accordent encore à la culture du tabac", a déploré le directeur de la promotion de la santé de l'OMS, Rudiger Krech.

On dit souvent que la culture du tabac est très importante pour la croissance économique mais elle ne contribue qu'à moins de 1% du PIB mondial. Elle n'est supérieure à 1% que dans cinq pays du monde.Image : picture-alliance/dpa/A. Ufumeli

L'omniprésence croissante des industries du tabac en Afrique est un enjeu crucial pour le continent.

"La plupart des producteurs subissent des pertes qui perpétuent leur endettement auprès des entreprises. Cette dette les oblige généralement à continuer la culture du tabac, qui constitue un piège à dette", a affirmé Léonce Dieudonné Sessou, secrétaire exécutif de l'Alliance pour le contrôle du tabac en Afrique.

Des cultivateurs exposés

Les problèmes posés sont listés par les opposants au tabac : danger pour la santé des populations, pour l'environnement, pour les agriculteurs... 

Ceux qui le cultivent consomment l'équivalent en nicotine de 50 cigarettes par jour. Des plantations particulièrement toxiques, alors même que le travail infantile y est très présent.

La solution : une transition hors de la culture du tabac qui rend les agriculteurs africains dépendants. Et cela doit passer par les gouvernements, comme le rappelle Leonce Dieudonné Sessou :

"Ce que  l'OMS recommande, c'est que les Etats parties travaillent à accompagner les producteurs vers d'autres possibilités qui doivent leur permettre de substituer d'autres produits au tabac. L'Afrique a besoin de nourriture et pas de tabac."

Depuis l'année dernière, l'OMS a lancé le programme "Fermes sans tabac" à Migori au Kenya. Il permet d'accompagner des agriculteurs pour rompre avec l'industrie du tabac et se tourner vers des cultures vivrières. Des milliers de producteurs ont pu faire cette transition - un espoir pour les activistes anti-tabac.