Tapis rouge pour Medvedev
4 juin 2008« Tapis rouge pour Medvedev » titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung. S'il y a bien une constante dans la politique extérieure de l'Allemagne depuis la réunification, analyse la FAZ, c'est l'intérêt pour la Russie. Après 1990, les chanceliers et chefs de la diplomatie allemands n'ont certes pas tous entretenu exactement le même rapport avec la grande puissance de l'est du continent. Ils n'ont pas tous abordé le thème des droits de l'homme. Mais en comparaison avec la guerre froide, un rapprochement étonnant entre les deux pays s'est effectué. La crainte d'un axe Berlin-Moscou qui s'est répandu en Pologne, est autant lié à la situation actuelle qu'au passé. Dmitri Medvedev peut donc compter sur un accueil très chaleureux.
La Russie se lamente du fait que l'occident ne soit pas prêt pour une relation d'égal à égal, écrit la Süddeutsche Zeitung. L'Allemagne est son principal partenaire commercial et son allié historique. Mais elle ne se fera l'avocat que des intérêts légitimes du Kremlin, pas de ses réflexes impérialistes.
La Tageszeitung s'intéresse pour sa part à l'opérateur des chemins de fer allemands Deutsche Bahn, soupçonné d'espionnage à l'instar de Deutsche Telekom. Ce qui est frappant, d'après le journal, c'est que cette accusation n'étonne pas plus que ça ceux qui connaissent l'entreprise. Car son patron, Hartmut Mehdorn, lorsqu'il est arrivé à la direction, a fait en sorte que les critiques le sachent capable de tout. L'impertinence avec laquelle il a expédié la privatisation d'une partie de la Deutsche Bahn est à peine concevable. Même chose pour son entêtement lors de la grève des conducteurs de train. Même les journalistes redoutent le courroux du patron de la compagnie ferroviaire, qui, face à des articles péjoratifs, a déjà riposté en retirant des annonces publicitaires.
La crise alimentaire mondiale, enfin, à la Une de die Welt. Il n'y avait pas eu de rapport aussi alarmant depuis longtemps s'inquiète le quotidien, la pression est énorme. Certainement nous réalisons à quel point nous nous sommes trompés en négligeant de plus en plus l'agriculture dans l'aide au développement, une erreur des pays donateurs, mais aussi de la banque mondiale. Mais, de l'avis du journal, les gouvernements et les administrations des pays bénéficiaires eux-mêmes ont été tout aussi ignorants. Cela sonne cynique mais ce n'est pas faux pour autant : la hausse des prix alimentaires est aussi une chance. Elle doit être l'occasion, notamment en Afrique, d'investir dans l'agriculture et surtout de réduire les obstacles à l'investissement.