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Etat de droitTchad

Le Tchad lance sa campagne référendaire sous les critiques

Elisabeth Asen
27 novembre 2023

La nouvelle Constitution tchadienne sera soumise à un vote populaire le 17 décembre. Mais en amont, les préparatifs suscitent déjà la désapprobation.

Drapeau du Tchad sur la place de la Nation à N'Djamena
La campagne pour le référendum sur la nouvelle Constitution est lancée. Chaque camp a quelques semaines pour convaincreImage : Issouf Sanogo/AFP

Le 17 décembre, le peuple tchadien pourra valider le principe d'un état unitaire décentralisé, inscrit dans le texte soumis au vote. Ou, au contraire, le refuser et lui préférer une forme fédérale qui n'est pas encore définie.

Cette dernière étape avant la fin de la transition, qui s'est ouverte en avril 2021 après la mort du président Idriss Déby, rencontre déjà de nombreuses critiques, notamment sur la coalition mise en place par le gouvernement pour l'organisation de cette campagne. 

Sourde oreille 

En effet, la création de ce bureau par le Premier ministre Saleh Kebzabo, composé de plus d'une cinquantaine de personnalités, dont la plupart sont des ministres, a pour mission de coordonner et de mettre en œuvre la campagne référendaire pour le oui. Mais cette coalition suscite déjà des remous parmi les adversaires du pouvoir.

Yaya Dillo, coordonnateur de la Fédération de l'opposition crédible, suggère la suspension de ce processus référendaire. Il a d'ailleurs entrepris d'organiser une marche de protestation le 10 décembre prochain : "Ce référendum n'est pas démocratique depuis la tenue du dialogue qui a conduit à la répression sanglante du 20 octobre 2022. Nous avons toujours plaidé pour un processus transparent, crédible et juste. Malheureusement, le gouvernement fait la sourde oreille en continuant de mettre une commission d'organisation du référendum constitutionnel purement à 100% gouvernement. En plus, toutes les sensibilités politiques et sociales sont exclues et le gouvernement l'organise sous la forme de l'Etat unitaire."

Yaya Dillo ajoute que le fichier électoral n'a pas été révisé, ce qui, selon lui, fausserait à l'avance, les résultats.

Etat fédéral ou unitaire ? 

La campagne référendaire qui vient d'être lancée va donc permettre à toutes les parties de convaincre près d'un million et demi d'électeurs tchadiens qui seront appelés à voter pour l'adoption de la Constitution et pour la première fois, de choisir la forme de l'Etat proposé par le dialogue national.

"Ce référendum n'est pas démocratique" (Yaya Dillo)

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Néanmoins, les partisans d'un Etat fédéral critiquent le fait que la question n'a pas été posée directement sur cette option, ne laissant le choix aux électeurs que de dire oui ou non à un Etat unitaire.

Pour les tenants du oui, à l'instar de Jean-Bernard Padaré, ancien ministre d'Etat, conseiller à la présidence du Tchad et par ailleurs porte-parole du Mouvement patriotique du salut, le Tchad gagnerait à rester uni : "Nous pensons qu'il faut voter cette Constitution qui contient une forte décentralisation et vous verrez que tous les problèmes qui poussent certains à solliciter le fédéralisme trouveront une solution. La stratégie majeure que nous avons, c'est d'expliquer le contenu de la Constitution à tous nos citoyens de manière à ce qu'ils se l'approprient et qu'ils votent en leur âme et conscience."

Cette campagne électorale en faveur du oui ou du non va s'étendre jusqu'au 15 décembre 2023 alors que le référendum constitutionnel est prévu deux jours après. La commission nationale chargée de l'organisation du scrutin se chargera ensuite de proclamer les résultats provisoires le 26 décembre, avant de les transmettre à la Cour constitutionnelle.

 

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