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Tchad : une cinquantaine de morts dans les manifestations

Reliou Koubakin | Avec agences
20 octobre 2022

Plusieurs affrontements meurtriers ont lieu depuis ce jeudi entre la police et les manifestants. Ces derniers dénoncent la prolongation de la transition.

De la fumée s'échappe de pneus incendiés alors que des personnes manifestent à N'Djamena, au Tchad, le 20 octobre 2022, sur cette photo obtenue des médias sociaux
Les manifestants en colère contre la transition de Mahamat Idriss Déby itnoImage : Le Visionnaire/REUTERS

Les horaires sont en temps universel, 1h de plus au Tchad

18h28 TU : Le porte-parole du secrétaire général des Nations unies Stéphane Dujarric a exprimé la préoccupation des Nations unies. "Nous appelons également toutes les parties à s'abstenir de toute violence ou de tout usage excessif de la force et à rester attachées à l'esprit de dialogue dans l'intérêt de la paix et de la stabilité du pays", a indiqué Stéphane Dujarric. 

18h19 TU : Conséquence des manifestations, le gouvernement a interdit sur l’ensemble du territoire les activités de la coalition Wakit Tama. Cette coalition a lancé un appel au manifestations de ce jeudi pour appeler la fin de la transition.

18h06 TU : Notre correspondant au Tchad fait le point de la situation. Il estime que "c'était une véritable guérilla urbaine" dans les rues de N'Djamena. Il poursuit : "Les manifestants, très excités pour la plupart des jeunes, ont brûlé des pneus, barricadé les rues tout en chantant l'hymne national et scandant des slogans hostiles au président de la transition. En face, les forces de l'ordre ont fait usage de lacrymogènes et de balles réelles pour venir à bout de ces manifestants qui sont eux aussi armés certains de cailloux, de lance-pierres et de machettes. Les lignes de téléphone sont perturbées, Internet était perturbé."

16h18 : D’après le gouvernement, plus de cinquante personnes ont été tuées au cours des manifestations. Le chiffre a été fourni par le Premier ministre qui dénombre une centaine de blessés. Un couvre-feu de 18h à 6h a été décreté. 

16h15 TU : L’Onu demande une enquête sur les décès et déplore les violences lors des manifestations. Les Nations unies ont aussi déploré "l’usage meurtrier de la force contre les manifestants".

16h10 TU : Le Premier ministre Saleh Kebzabo n’exclut pas des poursuites. Il s’est exprimé au cours d’une conférence de presse. Les manifestants avaient des armes à feu, les forces de l’ordre se sont retrouvées en position de légitime défense, a indiqué Saleh Kebzabo. Le Premier ministre note que "c’était une insurrection populaire en vue de s’emparer du pouvoir par la force, ce n’était pas une marche"

15h47 TU : L’ambassadeur des Etats-Unis n’a fait aucun commentaire sur les manifestations. Mais l’ambassade des Etats-Unis au Tchad a publié une photo sur les réseaux sociaux. On y voit l’ambassadeur Alexander Laskaris agenouillé. Aucun commentaire n’accompagne l’image. 

14h31 TU : Le parti du Premier ministre a condamné l’attaque contre son siège. Dans un communiqué, l’UNDR dénonce des "actes de vandalisme et de barbarie sans commune mesure". Le parti prendra les dispositions "pour que les auteurs du saccage de son siège soient traduits en justice ainsi que leurs commanditaires", lit-on dans un communiqué.

14h08 TU : L’ambassade du Canada "condamne fermement la répression violente" contre les manifestants. L’ambassade "appelle à l’arrêt de l’usage de la force, au respect de la liberté de la presse, et au retour au dialogue politique afin de restaurer la paix".  

13h55 TU : La présidence tchadienne a publié il y a quelques minutes sur les réseaux sociaux les images du tout premier Conseil des ministres du gouvernement d’union nationale.  Sur les images, on y voit les ministres arrivés à la Présidence. Le président de transition ne s’est pas encore exprimé sur les manifestations.

13hTU : Le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits à la liberté de réunion et d’association dit suivre de près la situation au Tchad. Clement Voule appelle à la retenue. Le rapporteur de l’Onu souhaite une désescalade de la tension. "Tout recours à un usage excessif de la force contre les manifestants expose leurs auteurs à des poursuites conformément aux standards internationaux", écrit-il sur les réseaux sociaux.

Le gouvernement dénombre une trentaine de morts dont une dizaine parmi les forces de l'ordre. Selon le porte-parole du gouvernement, Aziz Mahamat Saleh, les manifestants s'en sont pris à des édifices publics, au gouvernorat, au siège du parti du président de l'Assemblée nationale. Le ministre confirme aussi que les manifestants ont attaqué le siège du parti UNDR de l'actuel Premier ministre Saleh Kebzabo et opposant historique à feu le présidentIdriss Déby Itno

Appels au dialogue

Le président de la Commission de l’Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, a condamné la répression des manifestations ayant entraîné mort d’hommes au Tchad.  Il appelle toutes les parties au respect des vies humaines et des biens et à privilégier la voie du dialogue.

La Fédération internationale pour les droits humains et ses ligues au Tchad appellent à un "arrêt immédiat de la répression violente des manifestations". La FIDH observe qu’il y a, outre à N’Djamena, des manifestations à Sarh, Doba, Kourma, Abéché et Moundou, la deuxième ville du pays, dans le sud.  

L’Union européenne avait invité mercredi "les parties concernées à poursuivre dans la voie du dialogue et à s’abstenir de tout acte de violence". Dans son communiqué, l'UE tient à rappeler son attachement à l’exercice des libertés publiques.

La France a condamné jeudi les violences qui opposent la police aux manifestants.  

"Des violences sont survenues ce matin au Tchad, avec notamment l'utilisation d'armes létales contre les manifestants, ce que la France condamne", souligne le Quai d'Orsay, qui affirme que Paris ne joue "aucun rôle dans ces évènements".

"Les fausses informations sur une prétendue implication de la France n’ont aucun fondement", poursuit la diplomatie française.

La manifestation a aussi gagné Moundou, la deuxième ville du paysImage : Hyacinthe Ndolenodji/REUTERS

En raison des manifestations au Tchad, l’ambassade d’Allemagne à N’Djamena reste fermée ce jeudi. Elle invite les ressortissants allemands au Tchad à rester chez eux.

Pour l’heure, aucun bilan officiel des heurts n’est disponible. Mais la presse tchadienne signale plusieurs morts, au moins quatre dont un journaliste et un policier. Selon un médecin contacté par l’AFP, au moins cinq personnes ont été tuées par balles. 

"Ils nous tirent dessus. Ils tuent notre peuple. Les soldats du seul général qui a refusé d'honorer sa parole et aujourd'hui c'est la fin des 18 mois, voilà comment il entend installer la dynastie en tuant le peuple", a écrit sur les réseaux sociaux Succès Masra, l’un des principaux opposants du pouvoir actuel et président du parti Les Transformateurs.

Des centaines de personnes de personnes se sont réunies ce matin à N’Djamena à l’appel de l’opposition. Selon des journalistes de l’AFP, des nuages de fumée sont visibles et des tirs de gaz lacrymogène se font entendre régulièrement dans la capitale. Des barricades ont été dressées dans plusieurs quartiers de N’Djamena et des pneus ont été brûlés sur les axes routiers pour obstruer la circulation.  Dans le centre de N'Djamena, les commerces du marché central ont baissé le rideau. Les manifestants ont incendié le siège du parti duPremier ministre Saleh Kebzabo

Fin de la transition de 18 mois

Mahamat Idriss Déby va conduire la transition pour 24 mois et peut se présenter à la prochaine élection Image : DENIS SASSOU GUEIPEUR/AFP/Getty Images

Les manifestations contre la transition de  Mahamat Idriss Débyont finalement eu lieu dans plusieurs quartiers de la capitale tchadienne. Depuis ce mardi (19.10), plusieurs partis et organisations de la société civile  opposés à la transition avaient appelé à une journée de marche pacifique dans tout le Tchad ce jeudi (20 octobre), date de la fin des 18 mois de transition. Les organisateurs disent refuser la prolongation annoncée de la transition pour 24 mois. 

La manifestation a été interdite par le gouvernement mercredi qui dénonce une "insurrection populaire et armée avec l’appui de forces extérieures afin de déstabiliser le pays". 

La durée de la transition a été prolongée de deux ans au maximum et Mahamat Idriss Déby Itno reste donc en fonction et il pourra, s’il le souhaite, être candidat à la prochaine élection présidentielle prévue en principe en 2024. Ainsi en ont décidé les participants au dialogue national inclusif et souverain.