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Tchad : des manifestants condamnés à de la prison ferme

Blaise Dariustone
5 décembre 2022

Au Tchad, plus de deux cents jeunes arrêtés à la suite des manifestations du 20 octobre dernier ont été condamnés à des peines de prison ferme allant jusqu'à trois ans.

Des objets qui brûlent coupent la route lors d'une manifestations, le 20 octobre, à N'Djamena
La répression des manifestations du 20 octobre a été féroce au TchadImage : Le Visionnaire/REUTERS

Au Tchad, les procès des manifestants ont eu lieu dans le cadre des audiences foraines tenues du 29 novembre au 2 décembre derniers à Koro Toro, une prison de haute sécurité située à plus de 500 kilomètres en plein désert au Nord, dans laquelle les prévenus ont été déportés. 

La défense, qui avait boycotté ce procès, entend faire appel.

Ce sont 401 parvenus sur 621 qui ont comparu devant le Tribunal de Grande Instance de N'Djamena, délocalisé à Koro Toro. 262 ont été condamnés à des peines d'emprisonnement ferme allant de deux à trois ans. Le verdict a été rendu par les juges en toute souveraineté selon Moussa Wade Djibrine, le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de N'Djamena :

 ‘'Le Tribunal dans sa souveraineté a rendu les décisions suivantes :  262 prévenus condamnés à des peines fermes d'emprisonnement allant de 2 à 3 ans ; 80 prévenus condamnés à des peines avec sursis allant de 12 à 24 mois, 59 prévenus sont déclarés non coupables et relâchés au bénéfice du doute. Par ailleurs, nous tenons à informer que les 80 mineurs poursuivis par devant le juge pour enfant ont été ramenés de la maison d'arrêt de Koro Toro à N'Djamena pour la suite."

Pas d'avocats pour les défendre

Ces prévenus n'ont pourtant pas bénéficié de l'assistance d'avocats lors de ce procès, tout comme pendant les auditions. "C'est du non- droit", dénoncent des avocats qui entendent relever appel en vue de l'annulation de ces condamnations dès ce mardi.

Des manifestations avaient eu lieu contre les autorités tchadienens de transition le 20 octobre dernierImage : Hyacinthe Ndolenodji/REUTERS

Me Frédéric Dainoné est le président de la commission défense des droits de l'homme au Barreau du Tchad. Il déclare : "pour nous, ça reste toujours une mascarade. C'est du non-droit, ce qui a été fait. Nous allons faire appel et demander à la cour d'appel d'annuler toutes ces condamnations qui ont été prononcées en violation des règles de procédures mais également en violations des règles de fonds dans un procès juste et équitable.''

Alladoumadji, frère ainé de Mbairamadji, un prévenu qui a aussi comparu se dit sidéré : ‘'Est-ce qu'il y a même eu un procès là-bas ? Je ne crois pas. C'est du n'importe quoi. Il faut qu'ils libèrent ces enfants. C'est honteux.''

Pas de liste fixe des prévenus jugés

Jusque-là, aucune liste des prévenus relaxés ou condamnées n'a été rendue publique. Et les parents ne savent pas non plus quand ceux qui ont été condamnés à des peines avec sursis ou relaxés seront ramenés à N'Djamena.

Ce procès de masse s'est déroulé dans le bagne de Koro Toro à plus de 500 km au nord-est de la capitale, une procédure de dépaysement "illégale" selon les avocats qui ont décidé de ne pas s'y rendre. 

 Amnesty international avait dénoncé vendredi "un procès à huis clos qui soulève de sérieuses inquiétudes concernant le respect du droit à un procès équitable".

Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais