La manifestation avait été interdite cette semaine par le pouvoir. Mais la "marche du peuple", initiée par le parti Les Transformateurs en collaboration avec des organisations de la société civile a tout de même eu lieu ce samedi 6 février à N'Djamena, au moment même où Idriss Déby était investi devant son parti. Deux camps, deux ambiances et des visions complètement opposées pour l'avenir du Tchad. 

Idriss Déby candidat à un sixième mandat

Dès le début de la matinée, ce sont plusieurs manifestations qui se déroulent dans plusieurs arrondissements de la capitale tchadienne, dans une ambiance très tendue. Des pneus sont en flamme dans les rues, on entend des concerts de sifflets ou encore des chants avec des slogans hostiles au pouvoir. "Non à un 6e mandat", est inscrit sur une pancarte. Au même moment, le chef de l'État tchadien Idriss Déby Itno est investi par son parti candidat pour un sixième mandat à l'élection présidentielle du 11 avril.

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Pas de quoi décourager les manifestants, qui font bientôt face à la police. Un impressionnant dispositif sécuritaire est d'ailleurs déployé. Dans le ciel, l’armée surveille avec des hélicoptères. "Je vois la vivacité de la jeunesse, je vois ces mamans, ça nous donne cette force de continuer la marche", glisse Jean. "Ce n'est que le début, la lutte sera longue mais l’espoir est grand", ajoute Max. 

Réfugiés à l'ambassade des Etats-Unis

Bientôt les manifestants se retrouvent pris au piège des gaz lacrymogènes. Il y a des blessés. "Nous avons assez mare de ce régime, le régime du président Deby n’a rien fait pour nous", se fâche un jeune. "Le régime est en train de nous enterrer nous les jeunes. Deby doit quitter, il doit quitter obligatoirement". À mille années-lumière d'une telle idée, Idriss Deby, qui réagit devant les militants de son parti à son investiture comme candidat, après trente ans au pouvoir, parle "d'un appel du peuple".

Dans les rangs des manifestants, la pression monte encore d'un cran. Des personnes sont arrêtées. Le célèbre défenseur des droits humains Mahamat Nour Ahmad Ibedou. Succès Masra, le leader du parti Les Transformateurs et d'autres leaders se réfugient à l’Ambassade des Etats-Unis vers 11 heures. La démonstration de force se termine. L'opposition n'a en revanche toujours pas pris de décision sur une éventuelle candidature commune.