Le chef de la junte au Tchad a été élu dès le premier tour avec 61,03 % des voix, selon des résultats officiels provisoires de la présidentielle proclamés jeudi soir par l'Agence nationale de gestion des élections (Ange). Le Premier ministre Succès Masra arrive en deuxième position avec 18, 59%. 

Un résultat attendu

Pour de nombreux observateurs, la victoire du président de la transition tchadienne, Mahamat Idriss Déby Itno dès le premier tour de la présidentielle du 6 Mai, n'est pas une surprise. Allusion faite à la mainmise du chef de la junte sur tous les organes mis en place pour la gestion du scrutin, explique le chercheur Remadji Hoinathy.

Selon lui "Mahamat Idriss Déby élu à une écrasante majorité était une situation attendue parce que dès le début de ce processus, la manière dont l'organe en charge de la gestion électorale a été mis en place avec des acteurs politiques qui sont du même bord politique que celui qu'ils ont déclaré président, cette mise en place ne laissait aucune chance aux autres candidats".

Un avis que partage le juriste et activiste des droits humains, Jean-Bosco Manga. Pour lui, le scrutin a déjà été joué d'avance.

"Ce résultat peut être surprenant pour celui qui n'a pas compris le jeu politique qui s'est joué depuis la transition" explique à la DW le juriste. Il précise par ailleurs que "la France a opté pour maintenir le président de la transition afin de lui permettre de ne pas perdre le Tchad. Et nous avons compris aussi qu'avec les accords de Kinshasa il y a des jeux politiques qui n'ont pas été dévoilés au grand public".

Un appel à la médiation

Une heure avant la promulgation de ces résultats provisoires, le Premier ministre Succès Masra, qui les a contestés avait affirmé être arrivé en tête du premier tour et a appelé les Tchadiens à réclamer leur victoire. Le chercheur Remadji Hoinathy appelle au dialogue pour éviter un nouveau bain de sang.

"Nous nous retrouvons dans une situation où il pourrait avoir un face-à-face entre la rue et les forces de l'ordre qui pourrait se solder à nouveau par du sang" s'inquiète le cherccheur.

Pour Remadji Hoinathy "seule une médiation sérieuse pourrait permettre de sortir de cette situation. Et il est important que l'ensemble des acteurs engagés auprès du Tchad dans cette transition comprenne justement que le moment est venu pour eux de jouer un rôle très crucial pour éviter à nouveau au Tchad une situation sanglante".

L'ancien Premier ministre Pahimi Padacké Albert a, lui, appelé Mahamat Idriss Déby Itno pour le féliciter pour sa victoire.

Une victoire du chef de la junte célébrée par l'armée par des tirs de joie à N'Djamena et dans plusieurs villes du Tchad. Des tirs qui ont occasionné neuf morts et 60 blessés à N'Djamena.