1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Mort de Déby : deux ans après, encore des zones d’ombre

21 avril 2023

Deux ans après l'annonce de la mort de l'ex-président tchadien Idriss Déby Itno, retour sur les circonstances de son décès et de sa succession avec des témoignages.

Le defunt président tchadien Idriss Déby Itno lors d'une visite à Abéché
Idriss Déby Itno est décédé au front lors d'affrontements avec des rebelles Image : Kommunikationsdienst der Präsidentschaft des Tschad

Selon la version officielle, Idriss Déby Itno a été tué par le Front pour l'alternance et la concorde au Tchad, le Fact, le plus puissant des nombreux groupes rebelles tchadiens. Mais cette version est parfois contestée car les circonstances de la mort de l'ancien président tchadien n'ont jamais été rendues publiques.

Selon la même version officelle, l'ex-président Idriss Déby Itno a été mortellement blessé entre le 17 et le 19 avril. Il serait mort le 20 avril à 1 h du matin, à N'Djamena, à l'âgé de 68 ans.

Idriss Déby venait de remporter, le 11 avril, pour la sixième fois consécutive, l'élection présidentielle. Malgré cela, il a décidé de se rendre en première ligne des combats, ainsi que le rappelle Jean-Bernard Padaré, actuel ministre d'Etat, conseiller à la présidence du Tchad et porte-parole du Mouvement patriotique du salut, ex-parti au pouvoir.

"Il a décidé d'aller au front contre l'avis de tous"

This browser does not support the audio element.

" Il a décidé d'aller au front contre l'avis de tous. C'est à l'occasion de ces combats qu'il a été grièvement blessé. Le temps de le transporter à N'Djamena, il s'est certainement vidé de son sang" explique à la DW Jean-Bernard Padaré.

Mais cette version présentée par les nouvelles autorités militaires, avec à leur tête le général Mahamat Idriss Déby, le fils du défunt président, est pourtant contestée, y compris par l'ex-première dame Hinda Déby Itno qui demande "que la lumière soit faite sur cette disparition".

Un procès mais encore des doutes

Ceci en dépit du  procès collectif de 454 rebelles présumés, tous accusés de l'"assassinat" d'Idris Déby Itno. Un procès à l'issue duquel l'ancien ministre tchadien de la Justice, Hassane Mahamat, s'interroge toujours lui aussi sur les circonstances de la mort de l'ancien chef d'Etat.

" Justement, cette version ne convainc pas d'autant plus que durant le procès qui vient d'être organisé, personne n'a établi une responsabilité directe. Tantôt on parle de combats, tantôt on parle d'assassinat. On a fait une enquête balistique pour savoir de quelle trajectoire il s'agit, de quelle balle il s'agit, tout ça ce sont des éléments qui sont restés vagues au cours de ce procès" précise-t-il.

Hassane Mahamat estime pour sa part, sans apporter d'élément objectif, que le cercle familial a eu des comportements étonnants après la mort d'Idriss Déby.

"Le choix a été porté sur le général Mahamat Déby"

This browser does not support the audio element.

Selon lui "il y a eu des signes qui ne trompent pas. Quand le président Déby est mort, beaucoup de choses ont été dites au sein de la famille. Il y a eu beaucoup de remous et la question du complot apparait dans les divergences au sein de la famille quant à la cause réelle de la mort du président Déby."

Pour rappel, le président français Emmanuel Macron fut le seul chef d'Etat occidental à faire le déplacement au lendemain de la mort d'Idriss Deby Itno. 

Une succession délicate

Aux obsèques d'Idriss Déby Itno, Paris, qui a sauvé militairement au moins à deux reprises le pouvoir tchadien menacé par des rebelles, en 2008 et 2019, a promis son soutien à la transition dirigée par Mahamat Idriss Déby, le fils d'Idriss Déby qui s'est installé dans le fauteuil présidentiel à N'Djamena.

Abdoulaye Sabre Fadoul était à l'époque du décès d'Idriss Déby ministre au sein de son gouvernement, il rappelle que le contexte de sa succession était particulière avec des affrontements qui continuaient avec les rebelles du Fact.