Tchad: le gouvernement nie les bombardements au Tibesti
3 décembre 2018Le conflit entre le gouvernement et la population de la localité de Miski dans la province du Tibesti date du mois d'août dernier. Dans une série d'attaques menées par le pouvoir, le gouvernement déclare avoir "délogé l'ennemi".
Selon la population de Miski, qui a créé un comité d'auto-défense, le gouvernement s'est engagé dans cette bataille pour s'accaparer les richesses de la région, notamment des mines d'or.
Selon Gali Gatta Ngoté, un député d'opposition, ce conflit est le résultat d'une opposition entre le gouvernement et la population sur le partage des ressources. "Le gouvernement voudrait carrément faire déguerpir un village pour pouvoir installer une usine d'exploitation de l'or. Cette population a légitimement négocié son statut en ce qui concerne le partage de la production et des bénéfices. Donc ce qui reviendrait comme leur part si cette exploitation devait avoir lieu. Ce dialogue de sourd a duré plus de deux ans et s'est conclu par la décision de la part du gouvernement central de les faire dégager par la force," explique le député.
Le gouvernement se défend
Selon plusieurs sources, la population de la région continue de subir de lourds bombardements des forces aériennes tchadiennes. Le gouvernement nie être impliqué dans de quelconques attaques contre des civils.
Mais celui-ci souligne par ailleurs ce qu'il appelle "l'exercice de la puissance publique" pour la défense des ressources de l'Etat.
Oumar Yaya Hissein, porte-parole du gouvernement tchadien. "Dire qu’en tant que gouvernement, nous avons lancé des bombes sur une population civile, est une affirmation gratuite. En aucun cas les forces de défense et de sécurité n'ont pilonné la population. On ne peut pas se permettre de dire qu'il y a des ressources et qu'on peut les contrôler individuellement. Je crois qu'il y a une procédure pour les exploiter. Mais le fait que chacun se lève un matin et veuille les exploiter de manière individuelle, sans pour autant tenir compte des textes, vous conviendrez avec moi que c'est aller à contre courant de ces textes. Et là, la force publique s'exerce," souligne le porte parole du gouvernement.
Il y a deux jours, plusieurs députés de l'opposition ont déposé une motion au parlement, proposant la création d’une mission parlementaire devant se rendre sur place. Mais ce déplacement ne pourra avoir lieu que si la sécurité est assurée.