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Tchad : les uniformes trop présents dans les rues

Blaise Dariustone
14 décembre 2020

Les forces de l’ordre sont présentes à des endroits stratégiques de N’Djamena. Pour les populations, l’inquiétude est grande.

Les forces de l’ordre ont encerclé ces derniers jours le domicile d’opposants
Les forces de l’ordre ont encerclé ces derniers jours le domicile d’opposants Image : Blaise Dariustone/DW

Le président Idriss Deby vient de promulguer la nouvelle Constitution. Ce texte est critiqué par l'opposition comme étant destiné avant tout à renforcer encore les pouvoirs du chef de l'Etat, déjà autoritaire.

Les habitants de N’Djamena, la capitale, se plaignent en tout cas d'une recrudescence des uniformes dans la rue... et notamment dans des quartiers réputés proches de l’opposition.

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Militarisation des sièges de partis d’opposition  

Le soleil est à son zénith à l’Espace Festafrica au quartier Moursal dans la commune du 6e arrondissement. Une dizaine de véhicules de la police sont stationnés. Ils sont remplis d'agents. A deux kilomètres de là environ, six véhicules de la police et deux de la gendarmerie sont stationnés en face du siège du Parti pour les libertés et le développement (PLD), un parti d’opposition.

Partout dans la ville, c’est le même constat.  Cette forte présence militaire dans la ville inquiète plus d’un Tchadien, à l’exemple de Jérôme Tardom, élève en classe de Terminale.

"Pour arriver dans mon école, je traverse trois ronds-points remplis de militaires chaque jour. Ça me fait tellement peur. Jusqu’à là, je n’en connais pas la cause. Qu’on nous dise au moins les raisons", constate Jérôme.

"Il est tant qu’ils arrêtent cette manœuvre de terroriser la population" (Sosthène Mbernodji)

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Dans les quartiers du 7e arrondissement réputés proche de l’opposition, les forces de l’ordre font parfois des patrouilles toute la journée. Pour François Djekombé, président du parti Union sacrée pour la République, un parti d’opposition, il s'agit d'une campagne d’intimidation en prélude à la présidentielle d’avril 2021.

"Vous savez que nous sommes à quatre mois de l’élection présidentielle. Que ça soit les activistes ou l’opposition, nous essayons de nous organiser pour contester ce qui est contestable. Par conséquent, le régime du Président Deby qui est un régime policier essaye aussi de s’organiser en mettant dans tous les ronds-points des policiers, gendarmes, la garde républicaine avec des chiens et autres. Le président Deby, quoi qu’on dise parfois que c’est l’homme fort d’Afrique, l’homme du Tchad etc, on se rend compte que son régime est un géant au pied du mur", explique François Djekombé.

Idriss Deby a été consacré Maréchal en août dernier Image : DW/B. Dariustone

Les forces de l’ordre au service des Tchadiens

Une situation que dénonce également la société civile tchadienne.

Selon Sosthène Mbernodji, secrétaire général du Mouvement citoyen pour la préservation des libertés (MCPL), "la police, la gendarmerie et l’armée sont des institutions au service de l’Etat et non au service d’un homme. Il faut que cette différence soit claire. Les hommes vont passer mais ces institutions vont rester."

Il ajoute que "Ceux qui sont à la tête de ces institutions pensent vouloir faire plaisir à un homme tout en oubliant qu’ils sont au service de tous les Tchadiens. Il est tant qu’ils arrêtent cette manœuvre de terroriser la population."

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Toutes les manifestations de l’opposition ou de la société civile tendant à dénoncer les décisions du parti au pouvoir ont été interdites.

Nous avons tenté d’avoir l’avis des autorités tchadiennes sur le sujet, mais elles n'ont pas donné suite.

Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais