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Au Tchad, les Transformateurs à la croisée des chemins

Blaise Dariustone | Carole Assignon
16 mai 2024

Le Conseil constitutionnel a validé la victoire de Mahamat Idriss Déby à la présidentielle. Se pose maintenant la question de l'avenir de Succès Masra et son parti.

 Succès Masra et Mahamat Idriss Deby Itno
Succès Masra devra décider s'il retourne à l'opposition ou s'il doit continuer sa collaboration avec Mahamat Idriss Deby Itno Image : ISSOUF SANOGO/DENIS SASSOU GUEIPEUR/AFP/Getty Images

Le Conseil Constitutionnel, dans sa délibération a validé la victoire de Mahamat Idriss Déby à la présidentielle au Tchad, avec plus de 61% des voix et rejeté les recours introduits par trois candidats, dont Succès Masra, et l’ancien Premier ministre Albert Pahimi Padacké. Les neuf juges du Conseil constitutionnel ont donc estimé que le candidat Mahamat Idriss Déby a la majorité des suffrages requis pour être élu dès le premier tour.

Ecoutez la déclaration de Jean-Bernard Padaré

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Les résultats définitifs de la présidentielle confirment donc, sans surprise, la victoire du général Mahamat Idriss Déby Itno. Avant même cette confirmation, le Premier ministre, Succès Masra, qui était également candidat à la présidentielle, et leader du parti les transformateurs, a contesté les résultats provisoires du scrutin. 

La marge de manoeuvre des Transformateurs

Succès Masra va-t-il faire amende honorable et continuer la collaboration avec Mahamat Idriss Déby Itno? Ou bien va-t-il retourner dans l'opposition dont il est issu ?

Pour l'heure, le leader du parti les Transformateurs semble toujours convaincu de sa "victoire au premier tour", selon sa propre compilation des voix réalisée par ses militants. Le parti dénonce par ailleurs de nombreuses irrégularités.

 "Le peuple a largement voté pour Succès Masra, mais ce que l'Ange (l'Agence nationale de gestion des élections, ndlr) a fait ressortir est tout autre. Et jusqu'à aujourd'hui, nous continuons à le contester", assure Djarabé Kimassoum l'un des responsables des Transformateurs et par ailleurs membre du Conseil national de transition au Tchad. 

Djarabé Kimassoum précise par ailleurs que comme le disait d'entrée de jeu le président du parti " l'important c'est de rester calme, de rester pacifique. Et d'attendre le mot d'ordre." Un mot d'ordre que les Transformateurs entendent suivre.

Face aux accusations de fraudes électorales, difficile de voir Succès Masra reconnaitre aisément sa défaite. Pour Ladiba Gondeu enseignant chercheur à l'Université de N'Djaména, accepter la défaite et composer avec le pouvoir, tout en préparant les prochaines échéances électorales, serait toutefois la meilleure option pour les Transformateurs et leur chef.

Selon lui "il ne peut qu'accepter ce processus que tout le monde considère comme piégé dès le départ... de se préparer à un autre combat. C'est dans son intérêt de continuer à travailler avec le pouvoir pour avoir une visibilité. S'il se met en dehors du processus, il se pourrait qu'il soit arrêté et mis en prison".

Ladiba Gondeu estime par ailleurs "que les Tchadiens ne vont plus accepter de mourir pour quelqu'un".

"Il ne peut qu'accepter ce processus" Ladiba Gondeu

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Le scrutin du 6 mai s'était soldé en effet par des arrestations. Il y a également eu des morts, en l'occurrence des personnes touchées par des balles perdues lors des festivités qui ont marqué l'annonce de la victoire de Mahamat Idriss Déby, au moment de la publication des résultats provisoires.

Continuer la lutte

L'opposition, dont les principales figures ont été évincées de la course à la présidence, dénonce depuis le début l'illégalité du processus électoral.

Pour certains, Succès Masra, qui a accepté le poste de Premier ministre avant de se porter candidat, est un "traître" et sa candidature n'aurait servi qu'à donner une apparence démocratique au scrutin.

Mais pour ses partisans, comme Yvette Nga-Ngo, il est hors de question de se décourager.

Elle assure que les Transformateurs sont "depuis longtemps en train de lutter contre l'inégalité, pour la justice, pour la paix, pour le vivre ensemble". Yvette affirme donc que quoi qu'il arrive, elle continuera la lutte avec les Transformateurs.

Le scrutin du 6 mai devait marquer la fin d'une transition militaire de trois ans au Tchad. Mais avant même l'organisation du scrutin et la proclamation des résultats, de nombreux observateurs l'estimaient joué d'avance, en faveur du président qui avait assuré la transition depuis la mort de son père : le général Mahamat Idriss Déby.

Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique