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De nombreuses arrestations et disparitions au Tchad

Blaise Dariustone
21 octobre 2022

De nombreuses arrestations et disparitions sont signalées après les manifestations qui ont fait une cinquantaine de morts dans le pays.

Manifestation a Moundou le 20 octobre 2022
De nombreuses personnes étaient mobilisées dans les rues du pays ce jeudi 20 octobre 2022Image : Hyacinthe Ndolenodji/REUTERS

Après la mort ce jeudi 20 octobre, d'une cinquantaine de militants opposés à la transition, c'est l'inquiétude dans plusieurs familles.

De nombreux jeunes ont été enlevés, parfois par des militaires ou encore des hommes armés, habillés en tenue civile et se réclamant des services de renseignements. 

Au quartier Chagoua, dans le septième arrondissement de la capitale, cinq jeunes de la même famille auraient été arrêtés par des militaires et emmenés vers une direction inconnue dans la nuit de jeudi á vendredi.

"C'était aux alentours de 2h qu'on a entendu les bruits. Ils sont venus défoncer la porte de nos voisins, ils les ont pris, attachés et mis dans quatre véhicules militaires. On ne sait pas au juste où ils sont. Une fois qu'ils sont allés mettre les cinq jeunes dans les véhicules, ils sont revenus et ils ont tout vandalisé dans la maison puis ils sont repartis. Il semblerait qu'ils soient partis avec les diplômes d'un jeune, avec une somme de 150. 000 francs qu'ils auraient trouvé dans sa valise", raconte Christian, leur voisin. 

Le reportage de notre correspondant au Tchad

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Tous inquiets

D’un quartier à un autre, c'est le même mode opératoire. Au quartier Chari Birmil, toujours dans le septième arrondissement, un homme et son voisin auraient été enlevés et on est jusque-là sans nouvelles d’eux, nous raconte sa grande sœur qui se dit inquiète. 

"C'était à 2h du matin, mon petit frère a accompagné sa femme malade aux toilettes. Dès qu'ils sont arrivés, les militaires sont entrés en cassant le portail et ils ont pris mon petit frère, je ne sais pas où il est, jusqu'à aujourd'hui on n’a pas retrouvé sa trace. Ils ont cassé la porte de la chambre pour entrer et ramasser des choses et ils ont arrêté un des voisins aussi. Ils sont habillés en tenue mais cagoulés donc on n’a pas pu les identifier", explique Nadège.  

Le Premier ministre Saleh KebzaboImage : Denis Sassou Gueipeur/AFP/Getty Images

"Inadmissible"

C'est une situation inadmissible, déplore le coordonnateur de l'ONG Tournons la page section Tchad, Jacques Ngarassal Saham. 

"On dit que le Tchad est un pays spécial et voilà : le Tchad a prouvé aussi aux yeux du monde que c'est un pays spécial à travers ses forces de l'ordre. Aujourd'hui, on a pris ces manifestants comme des ennemis de la nation tchadienne et en disant que ce ne sont pas des fils du pays. Nous avons vu tout ce qui s'est passé et c'est une situation véritablement déplorable. Ces forces de l'ordre normalement doivent aussi répondre de leurs actes devant les juridictions de notre pays", dit Ngarassal Saham Jacques. 

En raison du nombre important de manifestants interpelés, plusieurs commissariats de N’Djamena sont débordés, ce qui a obligé les forces de l’ordre à transformer certaines écoles en lieux de détention.  

Ces affrontements interviennent après la prolongation pour deux ans de la "transition" qui devait s'achever ce jeudi 20 octobre. 
Fin septembre, Mahamat Idriss Déby Itno a finalement été maintenu à la tête de l'Etat jusqu'à des élections libres et démocratiques, censées se tenir à l'issue d'une deuxième période de transition et auxquelles M. Déby pourra se présenter. 

Ce maintien, à l'issue d'un Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) boycotté par une grande partie de l'opposition, a achevé de braquer les oppositions politiques et armées et embarrasse une communauté internationale qui avait pourtant adoubé M. Déby il y a 18 mois.
 

Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais