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Au Tchad, la visite de Mahamat Déby en Russie passe mal

Blaise Dariustone
25 janvier 2024

Selon des observateurs, Mahamat Déby chercherait à montrer aux occidentaux qu’il peut s’allier à la Russie, en vue de son éventuelle candidature à la présidentielle.

Le président de transition Mahamat Idriss Déby lors d’une visite à Paris (12.11.2021)
Le président de la transition tchadienne a été adoubé par la France à la mort de Déby pèreImage : Gonzalo Fuentes/REUTERS

Au Tchad, la visite du président de la transition à Moscou continue de susciter des réactions dans les milieux universitaires, politiques et au sein de la société civile. Même si Mahamat Idriss Déby Itno et Vladimir Poutine parlent d’une visite de coopération et de réchauffement des relations diplomatiques entre les deux pays, certains voient dans cette visite une nouvelle stratégie de l’Etat tchadien.

Par cette visite à Moscou, le président de la transition tchadienne, Mahamat Idriss Déby Itno, pourrait être tenté d’utiliser la carte russe dans l’hypothèse où les occidentaux, et plus particulièrement la France, ne voudraient pas soutenir ses ambitions politiques, à savoir sa candidature à la prochaine élection présidentielle.

La communauté internationale opposée à une candidature de Déby

Sur la question, l’Union africaine, soutenue par les Etats-Unis et l’Union européenne, insiste sur le principe de la non-candidature des dirigeants de la transition.

Pour Max Loalngar, le porte-parole du mouvement citoyen Wakit Tama, une structure opposée à la transition en cours et qui réclame aussi le départ des troupes françaises au Tchad, c’est une escroquerie politique, voire une ruse qui ne passera pas.

Le sujet de Blaise Dariustone, le correspondant à N’Djamena

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"Le peuple tchadien est éveillé, donc l'hypocrisie politique et diplomatique ne peut plus prospérer. Les acteurs de cette transition ne doivent pas se présenter à la prochaine présidentielle. On ne peut continuer à ruser avec les principes parce que nul ne peut être juge et parti. Ce n’est pas seulement Mahamat Idriss Déby Itno, mais les acteurs de toute la transition, depuis avril 2021 jusqu’à octobre 2024. Wakit Tama a toujours réclamé le départ des troupes françaises du Tchad, mais pour autant nous ne demandons pas que des troupes françaises soient remplacées par d'autres troupes. Ce qui remettrait en cause la plénitude de la souveraineté du Tchad. Non, loin de là. "

Pari risqué pour Déby

C’est un pari risqué pour Mahamat Idriss Déby Itno de se mettre à dos les occidentaux la France qui a toujours soutenu la transition tchadienne, estime le chercheur Remadji Hoinathy.

"Comparé aux autres chefs de junte dans le Sahel, le régime tchadien est celui qui a rencontré le plus de fronde de sa population, donc ça fait qu'un repositionnement de Mahamat Idriss Déby Itno est risqué par ce que, peut-être que sa population ne le suivrait pas. Et je pense que depuis le début de cette transition, c'est plutôt la France qui a été l'appui le plus fort à Mahamat Idriss Déby Itno, quels que soient les déboires que cette transition a connus. Je pense donc qu'aujourd'hui, changer son fusil d’épaule de manière abrupte comporte certainement des risques. Mais peut-être que les calculs ont été faits et que la Russie, comme le disait le président Poutine, va aussi s'engager au côté de Mahamat Idriss Déby Itno pour éviter une déstabilisation du pays".

Pour d’autres analystes, cette visite revêt une importante dimension géopolitique. En effet, les pays voisins du Tchad, à savoir le Niger, la République centrafricaine, le Soudan et la Libye, entretiennent tous des relations plus ou moins étroites avec la Russie. Il serait donc difficile, dans ce contexte, pour Mahamat Idriss Déby Itno, de tourner le dos à Moscou et de ne regarder que du côté de la France.

Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais
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