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Le Tchad va enquêter sur la mort de Yaya Dillo

Blaise Dariustone
5 mars 2024

Le gouvernement tchadien se dit favorable à l'ouverture d'une enquête indépendante sur la mort de l'opposant Yaya Dillo. L'opposition accuse le pouvoir de faire disparaitre des éléments de preuves.

Yaya Dillo, tué le 29 février 2024 à N'Djamena
Yaya Dillo a été tué le 29 février à N'DjamenaImage : Issouf Sanogo/AFP/Getty Images

Le gouvernement tchadien s'est prononcé en faveur de l'ouverture d'une enquête indépendante sur la mort de l'opposant Yaya Dillo ainsi que de quatre militaires tchadiens lors de l'assaut du siège du PSF. Mais l'opposition et la famille de Yaya Dillo parlent d'assassinat politique et accusent le pouvoir de faire disparaitre des éléments de preuves nécessaires à une enquête.

Le précédent du 20 octobre 2022

"L'État ne peut pas organiser une enquête indépendante" (Mansour Koursami)

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Tirant les leçons de la sanglante répression des manifestations du 20 octobre 2022, jamais élucidée jusque là malgré l'annonce à l'époque de l'ouverture d'une enquête internationale, de nombreux Tchadiens sont sceptiques quant à l'effectivité d'une éventuelle enquête au sujet des récents événements ayant conduit à la mort de Yaya Dillo.

Le président du parti Les Patriotes, Mansour Koursami, proche de l'opposant décédé, veut y croire. Il estime toutefois que le gouvernement doit confier cette enquête aux Nations Unies.

"L'État ne peut pas organiser une enquête indépendante", justifie Mansour Koursami. "On ne peut pas demander à un criminel d'enquêter sur sa criminalité. Si une enquête devait avoir lieu, ça doit être une enquête internationale, transparente et indépendante pour faire la lumière sur ce qui s'est passé. Ce qui s'est passé, c'est une exécution sommaire de monsieur Yaya Dillo en pleine capitale. Il faut laisser cette enquête aux Nations unies."

La disparition de preuves risque de compromettre l'enquête

Autres inquiétudes, la disparition de plusieurs éléments de preuves qui risque de compromettre ladite enquête. Les dépouilles des victimes ont en effet déjà été inhumées sans autopsie de médecins légistes et le siège du Parti socialiste sans frontières (PSF) complètement rasé par le gouvernement. 

« Il y a deux aspects qui se posent, à savoir déjà le constat des circonstances de la mort des personnes qui ont été rapidement inhumées et d'autre part la démolition du siège du Parti Socialiste Sans Frontières (PSF)", explique Maître Daïnoné Frédéric, membre de la commission des droits de l'Homme au barreau du Tchad.

Des véhicules de police barrent l'accès au siège du PSF le 29 février à N'DjamenaImage : AFP/Getty Images

"Nous savons qu'il y a des images aujourd'hui qui circulent et qui démontrent que l'assaut a été fait par des armes lourdes et il y a également l'image du corps de monsieur Yaya Dillo qui présente un impact de balle au niveau de la tempe. Si y a pas de médecins légistes qui ont procédé à une autopsie, c'est une entrave en ce qui concerne les prélèvements des preuves", prévient-il.

Alors que le gouvernement tchadien annonce l'ouverture d'une enquête à ce sujet, des avocats ont été commis d'office pour le jugement des 26 autres personnes arrêtées à la suite de ces évènements et déportées à la prison de haute sécurité de Koro Toro en plein désert, parmi lesquels Salaye Deby, le frère de l'ancien défunt président Idriss Deby Itno.

Contacté, le porte-parole du gouvernement tchadien Abderamane Koulamallah n'a pas répondu à notre demande d'interview sur le sujet.

Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais
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