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Tensions germano-américaines pour les 70 ans de l’OTAN

Hugo Flotat-Talon
3 avril 2019

Alors que l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord fête ses 70 ans ce 4 avril, Washington et Berlin sont en désaccord sur le financement de l’organisation.

Donald Trump reproche à l'Allemagne de ne pas financer assez l'Organisation du traité de l'Atlantique nord.
Donald Trump reproche à l'Allemagne de ne pas financer assez l'Organisation du traité de l'Atlantique nordImage : picture-alliance/NurPhoto/J. Arriens

Donald Trump, le président américain, recevait, mardi, Jens Stoltenberg, le secrétaire générale de l'Otan. L'Organisation du traité de l'Atlantique nord est la principale organisation militaire commune de défense au monde. Créée en avril 1979, le 4 avril, elle réunit les Etats-Unis, le Canada et de nombreux pays européens dont l'Allemagne. Tous s'engagent à se porter mutuellement assistance en cas d'agression. Mais alors que l'Otan fête ses 70 ans ce mois-ci et que la rencontre de Washington a marqué le début des festivités, l'organisation fait face à un contexte morose et de tensions en son sein, entre Allemagne et Etats-Unis. 

Lancée après la seconde guerre mondiale, l'Otan doit notamment faire face à une éventuelle attaque de l'Union soviétique en pleine guerre froide. Les Etats-Unis, l'Europe, l'Allemagne de l'Ouest, puis l'Allemagne réunifiée, tous se serrent les coudes face à la "menace". C'est aussi sur cette base par exemple que plusieurs pays s'engagent derrière les Etats-Unis en Afghanistan après le 11 septembre 2001. 

C'est sous couvert de l'OTAN que plusieurs pays s'engagent derrière les Etats-Unis en Afghanistan, après le 11 septembre 2001. Image : AFP/Getty Images/J. Eisele

Donald Trump face à Berlin

Mais depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump en 2017, le président américain ne cesse de critiquer l'organisation, et surtout son financement. "Je veux juste l'équité pour les États-Unis. Nous payons beaucoup trop pour l'OTAN. L'OTAN est très importante, mais elle aide l'Europe plus qu'elle ne nous aide", dit Donald Trump. Des critiques à peine voilées adressées notamment à l'Allemagne. Car selon une règle récente, les 29 pays membres devront donner 2% de leur produit intérieur brut chaque année à l'Otan au plus tard en 2024. Problème : Berlin ne sera qu'à 1,5% à cette date alors que les Etats-Unis donnaient l'équivalent de 3,39% de leur PIB en 2018.

Fin de non recevoir d'Angela Merkel ...

Mais pas question pour Berlin de céder aux injonctions américaines. Angela Merkel se défendait dès les premières critiques l'an dernier. "L'Allemagne doit beaucoup à l'OTAN. Et le fait que l'unification allemande ait eu lieu, que l'Europe soit unie aujourd'hui a beaucoup à voir avec l'OTAN", disait Angela Merkel. "Mais l'Allemagne fait aussi beaucoup pour l'OTAN. Nous sommes le deuxième plus important fournisseur de troupes. Nous mettons la plupart de nos capacités militaires au service de l'OTAN. Et nous sommes toujours très impliqués en Afghanistan aujourd'hui, ce qui signifie que nous représentons également les intérêts des États-Unis d'Amérique."

Le 24 mars 1999, l'Otan lance une campagne de bombardements aériens pour faire cesser la répression serbe contre la population albanaise du KosovoImage : picture-alliance/dpa/D. Khrupov

... Et soutien du SPD

Le SPD, parti de coalition gouvernemental avec la CDU d'Angela Merkel frêne lui aussi des quatre fers pour ne pas augmenter les dépenses. "Je ne pense pas qu'il soit indispensable de porter les dépenses à 2,0 % de la production économique. Ce qui est crucial, c'est que nous renforcions nos capacités militaires, et c'est ce que nous faisons", estime Nils Schmid, en charge de la politique étrangère dans le parti conservateur. 

Avant de rencontrer le président américain le secrétaire générale de l'Otan Jens Stoltenberg a rappelé l'Allemagne son engagement. Mais les récentes déclarations du gouvernement allemand à ce sujet semblent indiquer une chose : Berlin ne changera pas de cap et ne donnera pas plus dans l'immédiat.

Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_