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Détresse humanitaire dans le Tigré

28 novembre 2022

L'aide humanitaire s'organise pour la population du Tigré, dans le nord de l'Ethiopie. Mais des milliers de personnes ont encore besoin d'aide après deux ans de guerre.

Le camp de réfugiés de Shire, dans le Tigré (archive de 2018)
Les habitants du Tigré ont besoin d'assistance médicale, d'aide alimentaire et d'aide à la reconstruction après deux ans de conflitImage : Joerg Boethling/IMAGO

Au Tigré, dans l'extrême nord de l'Ethiopie, l'aide humanitaire s'organise. Le gouvernement éthiopien estime que plus de 450.000 personnes ont bénéficié d'une première livraison d'aide humanitaire après la récente signature d'un accord de paix avec les combattants du TPLF. Mais pour le Programme alimentaire mondial, ce n'est pas suffisant car des milliers de personnes ont encore besoin d'assistance dans cette région sinistrée où presque tout est à reconstruire.

Le ciel pour témoin

Avant que la guerre n'éclate au Tigré, c'était un rituel de saluer le matin en regardant le ciel au-dessus de cette province du nord de l'Ethiopie.

Le docteur Kibrom Gebreselassie, directeur général de l'hôpital de référence Ayder, dans la capitale Mekele, n'a pas pu le faire pendant deux ans.

Le docteur Kibrom Gebreselassie affirme que le ciel clair signifiait que l'armée fédérale allait bombarder Mekele et que "davantage de personnes allaient mourir, ou être traumatisées."

La vie reprend lentement à MekeleImage : Million Hailesillassie/DW

Pas de salaire depuis deux ans

L'accord de paix conclu entre le gouvernement fédéral éthiopien et le Front populaire de libération du Tigré (TPLF) en Afrique du Sud, le 2 novembre 2022, et la feuille de route convenue au Kenya entre les hauts gradés militaires des deux parties ont apporté de l'espoir au Tigré.

Les habitants qui ont subi des violences de la part des forces fédérales éthiopiennes, de l'armée érythréenne et des milices amhara sont cependant marqués et effrayés. 

La guerre a fait de nombreuses victimes en deux ans, et causé d'importantes destructionsImage : Yasuyoshi Chiba/AFP/Getty Images

Les lignes de communication sont toujours coupées à Mekele et dans le reste de la région. C'est là que vit le fonctionnaire Solomon Tsige. Il dit qu'il n'a pas reçu de salaire depuis deux ans à cause de la guerre.

"La paix est une condition préalable à tout. Je suis heureux de l'accord de paix. Nous espérons maintenant pouvoir nous réengager dans des activités économiques, rétablir les services bancaires, les transports et d'autres services au profit de la population", déclare-t-il à DW.

Le commandant en chef des forces de défense du Tigré (TDF), le général Tadesse Werede, a parlé de l'accord de paix aux journalistes à Mekele pour la première fois cette semaine. Selon lui, l'accord est une "voie vers une paix durable"

Des besoins, des attentes, des espoirs

Mais pour le Programme alimentaire mondial, les livraisons d'aide au Tigré "ne correspondent pas aux besoins" de la région sinistrée.

Le rétablissement des livraisons d'aide au Tigré était pourtant un élément clé de l'accord de paix. 

Daniel Mekonnen, directeur adjoint de la Commission d'investissement du Tigré, plaide pour une rapide reconstruction des infrastructures détruitesImage : Million Hailesillassie/DW

Un groupe de 72 organisations non-gouvernementales indépendantes, basées au Tigré, demande ainsi que les termes de l'accord signé entre le gouvernement fédéral et le TPLF soient respectés. 

"Nous attendons des deux parties qu'elles tiennent leur promesse. Notre peuple vit dans la douleur depuis plus de deux ans. Nous pensons que les différences politiques doivent être résolues autour d'une table. Parvenir à un accord est une chose mais l'accord doit être mis en œuvre", estime le directeur exécutif du Consortium de la société civile du Tigré, Yared Berhe.

Daniel Mekonnen, le directeur adjoint de la Commission d'investissement du Tigré, estime quant à lui que l'une des premières mesures nécessaires, une fois la paix mise en œuvre, sera de reconstruire les infrastructures et les entreprises. 

Le conflit au Tigré a commencé en novembre 2020 quand le premier ministre éthiopien Abyi Ahmed y a envoyé l'armée fédérale arrêter les dirigeants de la région qui contestaient son autorité depuis des mois. Abyi Ahmed les accusait d'avoir attaqué des bases militaires fédérales sur place.