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Au Togo, l'arrestation de l'artiste Aamron enflamme la toile

11 juin 2025

Des milliers d'internautes ont appelé à descendre dans la rue pour dénoncer l'arrestation d'Aamron, la cherté de la vie et un régime politique contesté. Mais la mobilisation n'a pas été à la hauteur des attentes.

Togo Lomé 2005 | Emeutes meurtrières après la prise de pouvoir contestée de Faure Gnassingbé
Des émeutes ont éclaté en 2005 au lendemain la prise du pouvoir contestée de Faure Gnassingbé Image : Quidu Noel/IMAGO

Plusieurs dizaines de manifestants ont toutefois été arrêtés par les forces de l'ordre. Entre attentes numériques et réalité citoyenne, un fossé semble persister. Pourtant, sur la toile, l'appel à manifester avait trouvé un large écho. La parole s'est libérée, avec des milliers de publications en ligne appelant à la manifestation. Alors, pourquoi ce décalage entre la mobilisation numérique et la réalité sur le terrain ? Est-ce la peur de la répression policière qui paralyse les Togolais ?

"Cela pourrait être expliqué par la peur de la répression policière, mais il va sans dire que la peur de la répression policière ne saurait expliquer cette mobilisation faible des Togolais dans les rues. D'autres facteurs pourraient expliquer ce manque d'engouement", analyse de Paul Amégankpo, président de l'Institut Tamberma pour la gouvernance.

Bien que le mécontentement paraisse largement partagé parmi la population togolaise, la mobilisation reste encore marginale, en raison certainement  d'un manque de structuration solide. "Les manifestations pacifiques exigent une organisation structurée. Ce que nous avons compris, c'est que le Togolais lambda ne s'était pas suffisamment approprié le mot d'ordre de cette manifestation, même s'il va de soi que le ras-le-bol exprimé a été partagé largement", explique M. Amégankpo.

Résilience de la société civile

Malgré la crainte persistante de la répression, une nouvelle forme de résilience semble émerger, selon le politologue Madji Djabakété qui dit que "L'espace civique est restreint depuis des années. Les Togolais sont conscients qu'il y aura toujours une répression, mais ils sont arrivés à un moment où ils ne peuvent plus s'empêcher de s'exprimer. La répression, dans le contexte togolais, ce n'est pas quelque chose de nouveau."

Pour Madji Djabakété, le 6 juin serait donc un premier signal, un « test » avant d'éventuels élans populaires plus structurés. Selon lui, "La situation est arrivée à un niveau où les Togolais comprennent que s'ils ne revendiquent pas, ils risquent d'être laissés à eux-mêmes.  Donc les gens sont conscients qu'il y aura répression, mais il n'empêche, les gens vont sortir."

La mobilisation du 6 juin n'a peut-être pas été massive, mais elle laisse entrevoir un frémissement. Les Togolais sont-ils  prêts à transformer leur colère numérique en engagement collectif sur le terrain ? Les prochaines semaines devraient le dire.