Togo: Protestation en ligne contre l'interpellation d'Aamron
5 juin 2025
Au Togo, l'interpellation récente de l'artiste Aamron continue de provoquer l'indignation sur les réseaux sociaux. Des critiques, longtemps tues ou étouffées, se font désormais entendre. Une libération de la parole par le biais du numérique, portée autant par les citoyens vivants au Togo que par ceux établis dans la diaspora.
Vidéos et chansons contestataires
Ils s'appellent Kossi, Afi ou encore Rodrigue. Simples internautes ou créateurs de contenus engagés, ils publient des vidéos, des chansons et des affiches, parfois à l'aide d'outils d'intelligence artificielle.
Leurs messages sont clairs : dénoncer la vie chère, l'augmentation récente du prix de l'électricité, ou encore réclamer la libération de l'artiste Amron, arrêté dans des circonstances qui restent floues. Pour l'analyste politique Hervé Adjaho cela dénote un climat socio-politique quelque peu tendu.
"Il y a véritablement beaucoup de personnes aujourd'hui qui, sur les réseaux sociaux, même les jeunes gens, plus jeunes qu'Amron, se prononcent par rapport à la situation politique du pays et même avec véhémence, ça dénote véritablement du ressenti qui est au sein de la population."
Libération de la parole
Dans ce contexte de tensions sociales et de revendications citoyennes, peut-on alors parler d'une réelle libération de la parole ? Samir Ouro Sama est juriste. Il pense aussi que cette vague d'indignation a un lien avec le malaise social au sein des populations.
"Les citoyens sont de plus en plus exigeants et s'intéressent à la manière dont les affaires publiques sont conduites, précise le juriste. Les citoyens sont regardants et aptes à demander des comptes à ceux qui ont reçu le mandat de gérer le parti commun. En outre, cette vague d'indignation et de dénonciation laisse apercevoir ce qu'on peut appeler un malaise social grandissant dans la communauté."
La libre expression à travers les réseaux sociaux devient ainsi un espace alternatif de revendication.
La régulation
Mais si le numérique offre ces opportunités d'expression libres et inédites, il saurait être une zone de non-droit, selon Samir Ouro Sama.
"Cela peut s'expliquer par l'essor du numérique avec le boom des réseaux sociaux, poursuit-il. Cela peut permettre également aux citoyens de s'affranchir d'un certain nombre de restrictions de la liberté d'expression. Le plus important, c'est d'avoir à l'idée que la prise de parole par tous les citoyens à travers les moyens de communication, y compris le numérique, est réglementée et a des limites afin de préserver l'ordre public, la paix sociale, la dignité humaine et les droits d'autrui.!
C'est dans ces conditions qu'une déclaration des ministres de la Justice et de la Sécurité publiée en 2024 refait surface et rappelle que les auteurs de fausses informations ou de propos diffamatoires s'exposent à des sanctions prévues par la loi.