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Au Togo, la contestation se mobilise sur les réseaux sociaux

Brigitte Yoda
30 juin 2025

La mobilisation contre le pouvoir de Faure Gnassingbé se fait de plus en plus en ligne, notamment sur le réseau TikTok, à travers des influenceurs et artistes.

Des nuages de fumée dans une rue après des manifestations contre Faure Gnassingbé
Des artistes comme Aamron sont devenus des acteurs importants de la mobilisation en ligneImage : Alice Lawson/REUTERS

Au Togo, la contestation contre le pouvoir de Faure Gnassingbé se déploie de plus en plus en ligne, notamment sur les réseaux sociaux. Qui sont les principaux acteurs de cette mobilisation numérique et pourquoi ont-ils choisi ce canal ?

Le passage à la 5e République, qui transfère l'essentiel des pouvoirs au président du Conseil, en l'occurrence Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 20 ans, a tendu le climat politique au Togo. La situation s'est aggravée avec l'arrestation du poète Affectio et l'interpellation du rappeur Aamron.

La portée de TikTok

Une mobilisation inédite a alors émergé, largement portée sur les réseaux sociaux, en particulier TikTok. Pour Edem, activiste en ligne, ces plateformes mobilisent aujourd'hui plus que les partis d'opposition ou les manifestations physiques.

Selon lui, "la mobilisation aujourd'hui est portée en partie par la jeunesse. Cette jeunesse, le moyen qui s'offre à elle de pouvoir s'exprimer, c'est surtout sur les réseaux sociaux, principalement TikTok. Il faut aussi dire que cela fait très très longtemps que l'opposition formelle telle qu'on la connaît sur le terrain a perdu un peu de force parce que le pouvoir en place n'a pas permis à cette opposition-là d'exprimer ses contradictions, et enfin c'est qu'il y a un nombre très élevé de Togolais aujourd'hui en exil".

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TikTok, très populaire au Togo, a permis à plusieurs influenceurs d'appeler en direct à la mobilisation. Ce type de contenu échappe souvent à la censure, ce qui le rend particulièrement efficace.

Influenceurs, artistes et citoyens lambda

Des coupures ont toutefois été signalées par des utilisateurs, laissant penser à une tentative des autorités de limiter l'impact de ce réseau, selon Esso-Dong Kongah, juriste et défenseur des droits humains, "l'opposition politique et la société civile ont, malgré les restrictions, lancé cet appel depuis l'adoption de la nouvelle Constitution. Par contre, de manière générale ces derniers mois, les appels à la mobilisation contre le pouvoir ne viennent plus seulement d'organisations. Ce qui est d'ailleurs frappant, c'est la diversité des voix qui se sont levées. On parle d'influenceurs sur les réseaux sociaux, on parle d'artistes comme Aamron, qui est devenu une figure emblématique du mouvement, on parle de membres de la diaspora togolaise dont des journalistes et des opposants en exil. On parle aussi d'activistes politiques présents sur le territoire national et même de personnes proches du pouvoir comme l'ancien ministre des Armées. On parle de citoyens, d'opérateurs/opératrices économiques qui jusque-là ne prenaient pas forcément position sur les questions politiques".

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Selon Esso-Dong Kongah, il est encore trop tôt pour juger de l'impact réel de cette mobilisation, entamée le 6 juin. Mais pour Edem, elle a déjà porté ses fruits : libération du rappeur Aamron et manifestations malgré la loi Bodjona, qui limite fortement le droit de manifester. L'objectif : faire tomber la nouvelle Constitution et la 5e République.

Brigitte Yoda Stagiaire DW