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Togo : une diplomatie de plus en plus active

Elisabeth Asen
24 octobre 2023

La diplomatie togolaise est de plus en plus active notamment dans la résolution des crises sur le continent. Un activisme qui soulève des questions.

 Faure Gnassingbé le chef de l*Etat togolais
Le Togo est de plus en plus impliqué dans la résolution des crises sur le continentImage : Ute Grabowsky/photothek/IMAGO

Le Togo a organisé récemment un forum sur la paix et la sécurité en invitant les représentants de trois Etats dirigés par des militaires putschistes : le Mali, le Burkina Faso et le Niger. La diplomatie togolaise, sous le contrôle direct du président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis plus de 18 ans, fait preuve d'un activisme remarqué qui pourrait lui servir à se maintenir plus longtemps encore au pouvoir.

Une approche plus souple

Le président togolais est de plus en plus présent sur la scène internationale, secondé par son ministre des Affaires étrangères, Robert Dussey, avec, à son actif, la libération, en janvier dernier, des 46 militaires ivoiriens détenus au Mali.

C'est également lui qui a permis à une délégation de la Cédéao de rencontrer le président nigérien déchu, Mohamed Bazoum, en août dernier.

Robert Dussey le chef de la diplomatie togolaiseImage : DW

Cet activisme diplomatique ne passe donc pas inaperçu. L'analyste politique Louis Magloire Keumayou estime que le Togo a une approche plus souple des crises liées aux coups d'Etat militaires et que cela peut aider à trouver des solutions.

" Il y a eu le coup d'Etat au Mali, il y a eu une condamnation, une levée de bouclier général de la Cédéao et ensuite de la communauté internationale. Cela n'a pas empêché qu'il y ait un coup d'Etat de rectification au Mali, un autre au Burkina et au Niger " explique Louis Magloire Keumayou qui estime que "visiblement, les condamnations ne suffisent pas, alors il faut trouver un moyen différent de régler ce genre de situation. Il faudrait explorer les possibilités de dialoguer avec les parties prenantes pour trouver une solution dans laquelle personne ne se sent humilié. Je crois que c'est le rôle que le Togo est en train de jouer."

Cependant, si le président togolais s'est impliqué pour trouver une sortie de crise aux transitions militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger, sur ce point les résultats sont moins clairs.

En effet, le récent report des élections au Mali montre que les militaires ne semblent pas pressés de rendre le pouvoir aux civils.

Une contradiction

Certains remettent aussi en cause la légitimité de Faure Gnassingbé, qui en est à son quatrième mandat, dans son rôle de médiateur des crises démocratiques en Afrique de l'Ouest.

L'opposant Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais, estime ainsi que le président togolais cherche avant tout à se maintenir au pouvoir.

Le Togo a été actif dans la libération de 46 militaires ivoiriens détenus au MaliImage : Sia Kambou/AFP via Getty Images

Selon lui : "Il est évident qu'on ne peut pas être une dictature avérée et prôner la démocratie hors de chez soi. Il n'y a pas de cohérence dans cette démarche. Vous ne pouvez pas aller défendre les bonnes pratiques chez le voisin, alors que vous faites exactement le contraire. Cette contradiction jette un voile sombre sur les actions qu'il mène.  Il y a un agenda caché, mais pas si caché que ça, les Togolais comprennent ce qui se passe. C'est cette supercherie qui fait que même au sein de la Cédéao, les chefs d'Etats s'interrogent sur ce que fait finalement le Togo".

Le Togo n'est pas un exemple de démocratie en Afrique. Mais les interventions diplomatiques de Faure Gnassingbé pourraient consolider sa position dans son pays.

En façonnant ainsi sa stature internationale, le but du président togolais pourrait bien être de renforcer ses chances de briguer un nouveau mandat, le cinquième, aux prochaines élections.

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