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Togo : mesure contre la fuite des cerveaux à l’étranger

Noël Tadégnon
18 avril 2023

Le gouvernement fait signer, désormais, à tous les boursiers devant aller étudier à l’étranger un engagement de retour au Togo à la fin de leurs études.

Des étudiants assistent à un cours à l'université de Dar es Salaam, en Tanzanie, le 1er juin 2020.
A la rentrée académique 2021-2022, près de 1 300 étudiants togolais étaient boursiers à l’étranger, dont 500 en Occident.Image : Tafara Mugwara/Xinhua/imago images
Les boursiers coûtaient à l’État togolais près de 4 milliards de francs CFA contre 16 milliards pour 100 000 étudiants restés au pays.Image : Shewangizaw Wegayoh/DW

Les autorités togolaises exigent désormais un retour obligatoire au Togo des étudiants togolais boursiers après leur formation à l’étranger. Depuis plusieurs années, en effet, de nombreux boursiers togolais ne reviennent plus au pays à l’issue de leurs études. Cette fuite des cerveaux occasionne une perte énorme pour le pays.

Selon le professeur Majesté N. Ihou Wateba, ministre togolais de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, les étudiants togolais bénéficient de bourses du gouvernement pour étudier à l'étranger, ainsi que de bourses de coopération dans le but de développer les compétences nécessaires pour renforcer le tissu socio-économique du pays.

Ces bourses visent donc à promouvoir le développement du pays en formant une main-d'œuvre qualifiée.

"C’est la crème de la crème qu’on envoie étudier dans les universités extérieures, notamment européennes. Ce sont les premiers de leurs promotions qu’on envoie. Et, comme ils sont premiers au Togo, ils le restent à l’étranger. Et comme ils sont bons à l'étranger, les écoles qui les ont formés et leurs enseignants préfèrent servir la cause des pays étrangers", déplore le ministre togolais de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche.

Retour au pays et après?

Koffi fait partie non seulement de cette élite mais surtout, des rares étudiants qui ont décidé de rentrer au Togo à la fin de leurs études.

"Je suis rentré parce que je me disais qu’il y avait du travail à faire. Même après mon retour, j’ai eu des occasions pour repartir mais je croyais que c’était faisable, qu’il y avait de l’espoir et qu’on pouvait faire des choses ici. Mais plus les années passaient, plus je me suis rendu compte que ce n’était pas évident."

Un fichier de suivi de tous les boursiers est mis en place pour suivre l'intégration des boursiersImage : Iancuba Dansó/DW

Koffi a ainsi dû faire face aux réalités parfois difficiles de son pays et finalement, celui-ci est reparti récemment au Canada.

Le refus de revenir travailler au Togo est souvent expliqué par plusieurs facteurs, tels que le manque ou l'inadéquation des infrastructures, les crises économiques, un climat des affaires peu propice à l'auto-emploi, des conditions socioprofessionnelles peu satisfaisantes, des salaires peu attractifs et un déséquilibre entre l'offre et la demande de travailleurs qualifiés.

Pour Sika, étudiante à l’université de Lomé "ils ont raison. Il ne faut pas les blâmer parce qu’au Togo, la jeunesse peine à trouver du boulot. Là-bas, ils trouvent leur pain quotidien et c’est la raison pour laquelle ils décident de ne pas revenir. "

Obligation de retour

Ecouter le reportage de notre correspondant Noel Tadégnon

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Pour arrêter cette fuite des cerveaux, le gouvernement fait signer, désormais, à tous les boursiers togolais devant aller étudier à l’étranger un engagement de retourner au Togo à la fin de leurs études.

Le pays a "besoin de cette intelligentsia qui s’en va. C’est pour ça que dans les partenariats, nous mettons un accent important sur la nécessité du retour au pays des cadres que nous formons", explique Majesté N. Ihou Wateba, ministre togolais de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche.

Un avis soutenu par Marie-Madeleine Ahoefa, étudiante à l’université de Lomé pour qui les étudiants "doivent aller là-bas apprendre et revenir ici servir leur pays. Donc, je suis parfaitement d’accord avec le message du ministre. "

Mais depuis quelques années, peu d’étudiants boursiers togolais sont revenus s’installer dans leur pays. La question est donc désormais de savoir si les signataires de cet engagement le respecteront, ou bien s’ils choisiront de rester dans un pays où les conditions salariales sont souvent meilleures.

Noël Tadégnon Correspondant au Togo pour le programme francophone de la Deutsche Welletadegnon