Manifestations au Togo: des miliciens dans la répression ?
1 juillet 2025
Les organisations de la société civile et des droits de l'Homme affirment que sept corps ont été repêchés dans des cours d'eau de la capitale togolaise. Le gouvernement togolais estime que les décès sont survenus par noyade.
Ces organisations ont également fait état "des dizaines de blessés" et "plus de soixante personnes" interpellées, durant les trois jours de manifestations, de jeudi à samedi. "Nous sommes face à une volonté manifeste de semer le désordre et le chaos. Les auteurs d'une situation illégale et irrégulière, assumeront leur responsabilité", a déclaré à l'AFP cette le ministre de la réforme du service public, du travail et du dialogue social, Gilbert Bawara.
Présence de miliciens
Nathaniel Olympio, premier porte-parole du front Touche pas à ma Constitution, affirme que, selon plusieurs témoignages, des miliciens étrangers auraient participé à la répression des manifestations.
"Les gens qui ont été arrêtés, plusieurs nous rapportent que les personnes qui les ont arrêtés étaient en civils, certains d'entre eux parlaient anglais. Et ça, c'est inquiétant. Parce que déjà, en 2017, le régime togolais avait fait intervenir des milices dans le maintien de l'ordre. Et cela avait même été confirmé et justifié par le chef de l'Etat qui a alors parlé de groupe d'autodéfense. C'est le même phénomène qui se reproduit aujourd'hui. On a retrouvé un jeune, Hubert, 25 ans, père d'un garçon de trois ans et son épouse enceinte. Ils mangeaient tranquillement dans la lagune. Les forces de l'ordre qui poursuivaient d'autres personnes se sont arrêtées. Ils lui ont demandé de sortir de l'eau. Le garçon a hésité. Et ils lui ont tiré dessus trois fois. Ils l'ont abattu froidement. C'est ça, le visage du pouvoir togolais", déclare Nathaniel Olympio, premier porte-parole du front Touche pas à ma Constitution, affirme-t-il.
Paul Amegakpo, politologue et président de l'Institut Tamberma pour la gouvernance, confirme lui aussi ces informations relatives à la présence de civils étrangers aux côtés des forces de l'ordre togolaises, lors des manifestations de la semaine dernière.
"Après analyse des images et d'autres informations recueillies sur le terrain, il est établi que des personnes étrangères ont été mobilisées et engagées par les autorités aux côtés des forces de l'ordre et recrutées pour réprimer les manifestations. Il y a eu des informations de sources diverses qui montrent que certains Gambiens, qui avaient servi sous Yahya Jammeh, ont été recrutés. Ils résidaient au Togo depuis quelques années déjà et ont servi à réprimer les manifestations des 26, 27 et 28 juin derniers" soutient Paul Amegakpo.
Enquête internationale
Plusieurs organisations de la société civile togolaise et des partis de l'opposition ont demandé l'ouverture d'une "enquête internationale" sur les circonstances de la mort de sept personnes lors des manifestations contre le pouvoir à Lomé la semaine dernière.
Certains des manifestants interpellés puis libérés ont déclaré avoir été soumis à des actes de torture et autres traitements inhumains et dégradants, selon Amnesty International.
Ces manifestants, essentiellement des jeunes, protestent, depuis début juin, contre la série d'arrestations de personnalités critiques des autorités togolaises, mais aussi contre la hausse du prix de l'électricité.
Ils s’opposent aussi à la réforme constitutionnelle qui a consacré l'avènement de la Ve République et l'instauration d'un régime parlementaire, consolidant ainsi l'emprise du président Faure Gnassingbé, 59 ans, au pouvoir depuis 2005.