Le Togo tient son nouveau gouvernement
9 octobre 2025
Au Togo, la composition du premier gouvernement de la Cinquième République a été dévoilée après cinq mois d'attente.
Une nouvelle équipe sans ministre d'État, où certains portefeuilles stratégiques sont désormais rattachés à la Présidence du Conseil.
Les ministères de la Défense, de la Fonction publique, du Dialogue social et des Transports passent désormais sous la tutelle directe du Président du Conseil.
Une réorganisation qui traduit la volonté de Faure Gnassingbé de reprendre la main sur les dossiers jugés les plus sensibles de la gouvernance togolaise.
Paul Amegakpo, directeur de l'Institut Tamberma pour la Gouvernance affirme que "après 158 jours, soit à peu près cinq mois sans gouvernement, le Togo vient de connaître le premier gouvernement de la Ve République, avec des changements qui méritent d'être scrutés. D'abord, c'est un gouvernement resserré de 26 membres avec 16 portefeuilles ministériels et neuf ministères délégués, avec l'absence d'un ministère d'État, montrant clairement la volonté du président du Conseil, Gnassingbé, d'avoir une mainmise sur le gouvernement."
Parmi les départs, celui du général Yark Damehame, après plusieurs années passées au gouvernement. D'autres figures, comme Lidi Bessi-Kama ou Kanka Malick Natchaba, quittent également la scène exécutive. Mais c'est surtout la recomposition des portefeuilles qui attire l'attention.
Le professeur Dodzi Kokoroko prend la tête du ministère de l'Environnement et du Changement climatique, tandis que Kodzo Sévon Tépé Adedze, ancien président de l'Assemblée nationale, devient ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Urbanisme.
Selon Paul Amegakpo, c'est "une manière de retourner cette personnalité émergente au sein de la famille Unir."
Pour l'analyste politique Gabin Adjaho, la nouvelle architecture traduit un message clair : Faure Gnassingbé veut gouverner avec prudence.
"Quand nous prenons cette nomenclature du nouveau gouvernement togolais, je me dis que Faure Gnassingbé a fait beaucoup plus dans la méfiance, parce qu'il a préféré aller avec les fidèles des fidèles, c'est-à-dire des gens qui ont toujours travaillé avec lui, des gens qui ont toujours milité pour lui", plaide-t-il.
Un gouvernement plus compact, mais aussi plus centralisé avec des fidèles : "Ce qui veut dire que M. Faure Gnassingbé n'a pas trouvé, pendant ces cinq mois-là, des personnes en qui il a véritablement confiance pour leur confier ces postes assez stratégiques."
Les prochains mois diront si cette équipe saura incarner l'efficacité et la collégialité promises par la Cinquième République, dans un Togo où l'action publique s'annonce plus que jamais pilotée depuis le sommet.