Togo : qui est Faure Gnassingbé qui prend le pouvoir à vie ?
5 mai 2025
Arrivé au pouvoir en février 2005 après la mort de son père, Etienne Gnassingbé Eyadema, qui a dirigé le Togo pendant près de 38 ans, Faure Gnassingbé a lui aussi pris la magistrature suprême sans élection.
Madi Djabakate, politologue et essayiste togolais, le décrit comme "un fils à papa qui, sur le lit de mort, lui a dit : 'si tu veux vivre, fais tout pour garder ce que je me suis battu pour avoir, sinon tu n'auras pas d'avenir sans cela'.
"Et c'est ce qu'il est en train de faire en tant que fils attentif et choix de son père", poursuit le politologue essayiste.
Faure, un dirigeant à plusieurs casquettes
Faure Gnassingbé dirige le Togo depuis vingt ans. Il est désormais à la tête du Conseil des ministres qui lui confère tous les pouvoirs exécutifs.
Pour David Dossey, le premier porte-parole du Front citoyen Togo debout, Faure Gnassingbé a contourné tout ce qui pouvait le limiter dans sa quête d'un pouvoir à vie.
"Lorsque la Cédéao évoluera vers la réforme du protocole qui va vouloir limiter les mandats, il va tout simplement dire que la nouvelle Constitution respecte déjà la limitation de mandats, puisque le président de la République a son mandat limité. Pourtant, nous savons tous qu'il n'a aucun pouvoir"
"Cela devient une vraie présidence à vie. Et c'est une ruse, mais le peuple togolais n'est pas dupe", martèle-t-il.
Mais le président togolais, décrié en interne par l'opposition, n'a pas le même visage sur la scène internationale. Il a été nouvellement désigné médiateur de l'Union africaine dans la crise entre Kigali et Kinshasa. Il occupe les mêmes fonctions dans le différend qui oppose les pays de l'AES, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, et la Cédéao.
Cette "belle image" est trompeuse, estime Nathaniel Olympio, porte-parole du mouvement citoyen Touche pas à ma Constitution.
"Faure Gnassingbé et son entourage ont toujours déployé des efforts considérables pour polir l'image à l'extérieur, avec les achats de conscience des fonctionnaires internationaux, avec des lobbyings activés".
Le pouvoir reste sur la défensive
Le pouvoir en place, lui, décrit son chef comme un panafricaniste dont le continent loue ses services de médiateur. Gilbert Bawara, ministre togolais de la Réforme du service public, du travail et du dialogue, défend son président en revenant sur ce qui a conduit à avoir une réforme constitutionnelle, en 2024
"Je voudrais aussi rappeler que c'est une partie de cette opposition, notamment celle qui continue de s'enfermer dans un combat d'arrière-garde, qui avait transformé les législatives et régionales d'avril 2024 en un référendum. Ils disaient au peuple togolais : profitez de l'occasion qui vous est donnée pour sanctionner et désavouer la majorité en place".
L'opposition togolaise, considérée comme divisée, se dit prête à se battre pour bloquer la voie à Faure Gnassingbé, même si certains qui l’ont déjà tenté sont actuellement derrière les barreaux.