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Togo : un jeune qui crève l'écran

Noël Tadégnon
18 mars 2021

Sa maitrise des arts martiaux est un grand atout. Mais Charles Koutowou reconnait que la tache n’est pas facile.

Charles  Koutowou veut porter le cinéma togolais très haut en Afrique et dans le monde.
Charles Koutowou veut porter le cinéma togolais très haut en Afrique et dans le monde.Image : Noel Tadegnon

"Rédemption" est l’un des rares films d'action togolais. Il raconte, en 1h42 minutes, l’histoire d’un enfant de rue devenu assassin et  membre d’une organisation criminelle. 

Dans sa quête de liberté et de rédemption, cet enfant  décide finalement  de détruire cette organisation pour protéger sa bien aimée et retrouver la paix intérieure. Ce personnage est incarné par Charles  KOUTOWOU réalisateur et acteur du film. 

Il explique que "le film en quelque sorte, conscientise les parents qui laissent leurs enfants dans les rues et motive également les enfants de rue à travailler, à prendre conscience que ce n’est pas encore fini pour eux, qu’ils peuvent toujours s’en sortir et gagner leur vie."

La passion du cinéma

Depuis son jeune âge, Charles  KOUTOWOU, a toujours été passionné par les arts martiaux et le cinéma.  Agé Aujourd’hui de 29, il revient sur ses débuts : "Depuis mon enfance, j’ai une affinité pour les films d’action  et pour les arts martiaux. En 2003, j’ai commencé le karaté et aujourd’hui, je suis ceinture noir de karaté. En 2012, j’ai commencé par être acteur dans les courts métrages d’action."

Le reportage de Nöel Tadegnon à Lomé

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Parallèlement à ses études de biologie physiologie animale à l’université de Lomé, Charles a poursuivi sa pratique du Karaté allié au cinéma. Il a été plusieurs fois sacré dans des compétitions de karaté.

"Trois fois champion national et trois fois vice-Champion de la sous-région. Je fais partie  également de l’équipe nationale. On a beaucoup travaillé, ce qui nous a donné une bonne base, un background qui nous permet d’exécuter les techniques  des grands acteurs hollywoodiens", explique-t-il.

Les exigences du cinéma d'action

Sa maitrise des arts martiaux est un grand atout. Mais il reconnait que la tache n’est pas facile. Outre les exigences du cinéma de manière générale, le cinéma d’action présente encore d’autres défis. 

"Il faut d’abord maitriser les textes  quand il ne s’agit pas des films d’action, ensuite répéter plusieurs fois les actions  et enfin maitriser les répliques des autres acteurs pour pourvoir bien synchroniser les simulations. C’est compliqué. Même si tu n’es pas un pratiquant, il faut arriver à bien faire les techniques et après mémoriser la chorégraphie et après cela synchroniser avec les autres acteurs, c’est compliqué."

Pour le réalisateur togolais Steven AF, Charles Koutowou est très talentueux et à un bel avenir 

"Quand j’ai vu le film rédemption, j’ai été vraiment bluffé par le potentiel qu’ils ont en termes d’action et de chorégraphie. Je me suis dit, un film d’action made in Togo, wow, Bravo. Je n’ai pas hésité à leur faire appel pour ma production en cours. Ils ont fait une chorégraphie qui va émerveiller plus d’un."

Charles Koutowou, acteur et réalisateur et une équipe de tournage à Lomé. Image : Noel Tadegnon

Engagement et reconnaissance

La passion et l’engagement dans le cinéma suscite une reconnaissance pour Charles dans son pays : "Ça me fait toujours chaud au cœur, quand les gens me croisent dans la rue et me disent qu’ils m’ont vu à la télé et qu’ils apprécient ce que nous faisons, je dirai que ce sont ces personnes qui nous encouragent encore plus", dit-il.

Charles Ayétan est critique cinéma. Il revient sur l’accueil réservé par le public à l’oeuvre de l’acteur : "Lorsque le film rédemption de Charles koutowou et de toussaint Akoeté a été projeté, ça nous a vraiment montré que c’est un genre qui peut accrocher les togolais, surtout les jeunes. L’option des films d’actions, tourné par des togolais  et produit par des togolais, est un choix audacieux et innovant. Vu que le cinéma togolais peine encore à décoller, l’un des mérites de ce genre filmique est sans doute la passion des togolais pour les films d’actions. Ceci est d’autant plus vrai pour la jeune génération  en raison de la fougue qui anime cette tranche d’âge. Mais, ce choix comporte plusieurs défis, notamment le financement."

Difficile d’avoir un financement pour tourner des films au Togo. Mais, les acteurs du cinéma s’en sortent avec les moyens de bord : "Même si c’est difficile, on peut vivre du cinéma au Togo. Déjà, le cinéma nous apporte quelque chose, même si ce n’est pas vraiment ce que nous attendons. Et le public a commencé par avoir confiance en nous et nous avons commencé par avoir des producteurs, même si eux aussi font avec les moyens de bord. Ce qui veut dire que nous avons réussi par convaincre les gens et à convaincre certaines personnes qui nous accompagnent même si eux aussi n’ont pas de grand moyens. Par la suite d’autres producteurs vont entrer dans la danse et il y aura l’ampleur souhaitée."

Charles Koutowou a déjà joué dans 5 courts métrages et 4 longs métrages. Son objectif : hisser haut le cinéma togolais et rêve d’une carrière internationale.

Noël Tadégnon Correspondant au Togo pour le programme francophone de la Deutsche Welletadegnon