Travailler plus au même tarif?
29 mars 2004« L’Allemagne paradoxale », écrit Die Welt. Le journal rappelle en effet que Deutsche Telekom vient de faire passer le nombre d’heures de travail de ses employés de 38 à 34 heures par semaines, payées 35 et demi, pour sauver 10 000 emplois. Et au même moment, écrit Die Welt, la CSU, la CDU et les libéraux du FDP réclament davantage d’heures hebdomadaires pour le même salaire. La « meilleure façon » selon les conservateurs » de maintenir les salaires à leur niveau actuel. Le SPD quant à lui est divisé. Alors que certains, à l’instar du ministre de l’Économie, Wolfgang Clement, réclament eux aussi une hausse des heures de travail, d’autres recommandent une plus grande flexibilité. C’est-à-dire de donner aux entreprises la possibilité de raccourcir ou rallonger le nombre d’heures hebdomadaires de leurs employés selon leurs besoins, comme cela existe déjà dans certaines entreprises.
L’Allemagne va mal, résume la tageszeitung. Parce que les coûts de production sont trop élevés. Donc il faut les baisser pour que les entreprises deviennent plus compétitives. Pour cela, il faut que les gens travaillent davantage, sans gagner plus. Une argumentation qui a un air de déjà vu, écrit la taz. Or, le journal recommande des solutions entreprise par entreprise, selon la réalité sur le terrain, et pas des solutions à l’emporte-pièce. Car, écrit encore le quotidien, il est illusoire de croire que la politique sur le temps de travail peut remplacer celle sur le marché du travail et serait donc la seule solution pour relancer l’économie du pays.
La Frankfurter Rundschau cite le chef du lobby de construction de machines, qui a eu cette déclaration malheureuse ce week-end : « Même en Chine communiste nous avons désormais une plus grande liberté d’entreprendre qu’en Allemagne. » Maintenant on sait ce que les réformateurs libéraux ont en tête, écrit le journal : un capitalisme débarrassé de droit du travail, sans débat sur les conditions de travail, les salaires ou les contreparties sociales... un Manchester à l’asiatique.